Dans le noir... la conscience revient.
L'homme ouvrit les yeux, mais ne vit rien : il était dans l'obscurité totale.
Mais il ne demeura pas désorienté longtemps, et sa pensée se mit en action, lui rappelant où il était.
*Il me semble que je suis réveillé de façon naturelle, donc c'est la tombée du soir et et j'ai dû arriver à Paris.*
Il leva les bras, et repoussa... le couvercle d'un cercueil !
L'homme, ou plutôt le Caïnite - herr Abbo Blütt - était en effet couché dans un cercueil tout neuf, par dessus le corps d'un mortel décédé.
Abbo sortit du cercueil, le dos voûté - car il était en fait à l'arrière d'un corbillard, avec des vitres et de petits rideaux noirs.
Abbo gratta l'intérieur d'une des vitres avec l'ongle manucuré de son petit doigt, et porta la poudre couleur rouille à ses lèvres.
*Le rituel d'occultation à la lumière à bien tenu* se dit-il, avant de regarder les symboles arcanes trâcés sur le pourtour du cercueil dont il venait de s'extirper : *Les glyphes de protection aussi* Il frissonna, se disant que : *Si la Magie de mon Clan n'avait pas opérée, j'aurais peut-être pu me faire repérer par quelque Lupin rôdeur. Franchement, ce n'est pas une manière de voyager*
Sortant une malette qui avait voyagé à ses pieds, il l'ouvrit et retira une peau de chamois et une fiole, puis entreprit de mouiller son "chiffon" avec le liquide de la fiole, afin de bien nettoyer les symboles sur le cercueil, puis la Vitae thaumaturgique utilisée pour recouvrir les vitres du corbillard.
Au fur et à mesure qu'il effaçait la protection, il découvrait un peu plus de l'extérieur : le corbillard était en fait garé parmi d'autres véhicules, sur un wagon auto-train, arrivé depuis un moment à quai.
Autour, d'autres trains-autos, certains vides, d'autres avec leurs wagons remplis de voitures : un panneau indiquant qu'il s'agissait de la gare de Paris-Bercy, spécialisée, justement dans ce service de transport de véhicules par chemin de fer.
Abbo réarranga le corps du défunt, et remit le couvercle sur le cercueil, puis, s'assurant que personne ne passait sur le quai, il sortit du corbillard, muni de sa malette, et sauta du wagon sur le quai.
Là, il arrangea son costume, ressera son nœud de cravate, et se dirigea vers la gare, au bout du quai.
En passant le long des wagons, il jeta un œil aux panneaux indiquant que le train qu'il avait pris était parti de Vienne, en Autriche, et avait transité par la Suisse, ayant pour destination finale Paris.
Voilà, il était arrivé, et directement dans ce quartier dirigé par le Primogène de son Clan, qui plus est. Au moins c'était plus sûr.
Il chercha des yeux afin de voir si, justement, quelqu'un avait été dépêché pour venir l'accueillir.
*Sinon je prends un taxi pour d'abord passer à la Congrégation Tremere de Paris, afin de voir comment ils désirent que me présente auprès de la Cour du Louvre*
Le vent du soir se leva, faisant voler les pages d'un journal qui traînait, abandonné sur le quai : Dimanche 13 février 2011.
*Ah, oui* se dit Abbo, en voyant l'écriture française, *il faut que je me remette à penser en français ! Je suis dans le pays de... maman*
En effet, ses pensées étaient en allemand, mais, pour le moment, elles étaient reparties dans des souvenirs anciens, vers une époque avant la non-vie, une chose à laquelle il ne pensait guère : sa mère mortelle, son enfance....
Il secoua la tête.
*Cessons de divaguer, du travail m'attend ici, concentrons-nous*
Et Herr Abbo Blütt débarqua dans la Gare de Bercy, dans Paris, et dans sa nouvelle aventure.