Aussitôt sorti de l'avion, Gatien avait rejoint d'un pas décidé le tapis roulant qui proposait des tas de bagages. Pendant qu'il patientait, il se rappela quand il était enfant, et qu'il n'avait qu'une envie : monter sur le tapis pour voir où allaient les valises.
Avec un sourire, il sortit son téléphone.
Il y avait plein de lumières et plein de gens. Il aimait bien les aéroports. Pas autant que les gares, mais presque. Pour lui, ces endroits étaient synonymes de voyages, et de retrouvailles.
- Allo ? Pourriez-vous me passer monsieur ou madame Steimer, je vous prie ? Chambre 145, normalement. Merci.
Son accent du sud ne l'avait jamais quitté, malgré les années passées à Paris.
Il repéra alors sa valise, bordeaux à roulettes, et la piocha tout en gardant son téléphone contre son oreille. Il déplia la poignée et remorqua son bagage derrière lui en se dirigeant vers la sortie.
- Allo ? Heinrich ? Ici Gatien. Comment ça va ? Le voyage s'est bien passé ? Vous êtes bien, à l'hôtel ?
Gatien rit de bon coeur et reprit bientôt :
- Non, vous ne pourrez pas y rester définitivement !! Mais quelques jours sans doute. Profitez-en pour vous reposer. D'accord. A bientôt !
Il composa aussitôt un autre numéro.
- Allo ? Bonsoir mademoiselle, ici Gatien. Je viens d'arriver. Si la circulation est bonne, je devrais vous rejoindre d'ici une demi-heure environ.
Gatien rejoignit la file réservée aux taxis, et en guetta un.
- Directement dans votre bureau ? Fort bien. A tout à l'heure, merci.
Il raccrocha, songeur.
Il était très heureux de rejoindre enfin sa Dame. Etre resté à Berlin tout seul lui avait fait une impression très étrange, comme s'il était seul au monde dans le froid... Enfin, il avait eu beaucoup de travail à accomplir, et n'avait heureusement pas eu le temps de s'apitoyer sur lui-même.
Il leva la main pour héler un taxi qui le snoba royalement, mais la deuxième tentative fut la bonne. Il grimpa à l'arrière, sa petite valise en guise de second passager, et demanda à être conduit au Louvre.
C'était amusant de se faire conduire, lui qui, à une époque, était plutôt du côté du volant !
Regardant le paysage illuminé défiler, il se demanda si elle ne souffrait pas trop, et si elle allait vite guérir...