(venant du métro)

Agrael arriva près du bâtiment en premier et attendit son primogène. Il n' aimait pas cette bâtisse, ho que non.
Un bâtiment froid, gris, qui rapellait en tout point la mort et le sang, il fit une grimace.

" - Je me demande comment on peut travailler dans un lieu pareil ? " lacha Agrael

En attendant que son primogène réagisse, Agrael alluma une cigarette, et essaya de repèrer une façon discrète de rentrer dans le bâtiment. Il attendit les ordres de son primogène avant de bouger...

Durant le trajet, le pseudo-enfant avait donné le change de son mieux. Il avait également profité du voyage pour graver dans sa mémoire l'image de la famille d'Agrael. Déjà, la photo prouvait que la famille en question avait bel et bien existé. Et ensuite, si jamais il les croisait, sous formes de fantômes, il saurait qui ils étaient.


A cause de ses petites jambes, Philippe suivait médiocrement le rythme de marche d'Agrael. Mais il eut tôt fait de revenir à son niveau.

Il ne rebondit pas sur la remarque du goth. Même si elle était formulée comme une question, Philippe pensait que c'était juste une façon d'exprimer son sentiment de rejet des cadavres. Sa femme, ses enfants, ses mauvais souvenirs et tout ça.
De son côté, s'il avait été adulte, une place dans un IML aurait été un planque parfaite. De la nourriture facile, tout le matériel nécessaire pour le stockage et la possibilité d'effacer discrètement les dérapages des semblables. Le top quoi.

Le petit primogène savait que Thomas était généralement quelqu'un de cordial. Il savait se cacher, mais Philippe doutait qu'il puisse déjà se déplacer tout en restant invisible. Donc, s'il était venu, il y avait de fortes chances pour que quelqu'un le sache.
L'idéal aurait été qu'Agrael soit un furtif lui aussi.

- Est-ce que vous savez vous cacher ?

Il ne parlait évidemment pas de la capacité normale, à moins qu'Agrael ne se révèle être un talentueux ninja.

Agrael finit sa cigarette et dit à son primogène :

" - Je reste un minimum caché si je reste immobile et silencieux. Ce qui ne va pas être aisé si je dois me déplacer."

Soudain, une forme éthérée se trouva près d' Agrael, mais ce n' était qu' un reflet, pas un fantôme réel.
Agrael demanda simplement à son primogène :

" - Par contre, vous devez être plus doué que moi pour vous cacher."

- Du tout. Je suis un radar, pas un furtif...

Le pseudo-enfant haussa imperceptiblement les épaules.

- Je suppose que ça ne coûte rien de demander, tout simplement. Vous parleriez, et j'écouterai. On pourrait avancer une histoire de rendez-vous donné par Thomas, par exemple ?

Après tout, Agrael avait été espion, ou quelque chose comme ça, il devait avoir plus l'habitude que lui des excuses bidons pour faire parler les gens...
Pendant longtemps, Philippe avait réellement vécu comme un fantôme, et s'il était bien plus capable de contacts sociaux que la précédente troupe de Malkaviens parisiens, ça ne voulait pas dire qu'il était à l'aise avec les mortels.

Agrael écouta son primogène, puis lui dit :

" - Par exemple... On pourrait aussi dire que Thomas nous a contacté, car nous avions prévu d' aller au cinéma..."

Puis Agrael réfléchit, il semblait perdu dans ses pensées. Puis, il revint à lui, comme reconnecté à la réalité, et manqua de tomber, mais se rattrapa, comme quelqu' un qui a chopé contre une pierre. Sauf qu' il n' y en avait pas.

" - Désolé, encore une hallucination..." dit Agrael à son primogène

- Est-ce que ça va aller ?

Se taper des hallus en plein interrogatoire pouvait être marrant, mais contre-productif... Philippe espéra qu'Agrael savait gérer ses problèmes convenablement.


- Allons-y, je vous suis.

L'accueil était naturellement allumé, et l'ouverture ne semblait pas particulièrement sécurisée.

Il était nuit, l'accueil était certes éclairé mais l'accès dans les lieux se faisaient par une sécurisée dotée d'un interphone. Libre aux vampires d'y recourir ou non.

(Edit : Agrael ne postant pas je relance le tour.)

Agrael sans prévenir, fut comme attiré par le tableau électronique et appuya sur le bouton, qui émit une petite sonnerie. Une lumière apparut dans le couloir juste après la porte.

Philippe attendit que quelqu'un vienne, en espérant qu'Agrael n'était pas trop ailleurs pour parler.
Au pire, le fait d'avoir un adulte à côté de lui était une sorte de caution morale suffisante pour parler à sa place. Il passerait pour un môme bavard, et voilà tout...
L'idéal serait tout de même que de Perlezac ne se mette pas à parler tout seul.

La marque qui troublait les esprits du clan était parfois vraiment pénible, et le petit primogène se félicitait que la sienne ne soit globalement pas si handicapante. Il fallait savoir la gérer, mais c'était faisable.
D'ailleurs, il faudrait qu'il songe très bientôt à s'y plier...

Agrael appuya donc sur la sonnette, ce qui déclencha la lumière. Agrael entendit une voix :

* Bonsoir, que désirez vous, monsieur ? * une voix féminine, un peu haut perchée et un brin agaçante.

" - Excusez moi de vous déranger, est ce que le docteur Thomas Bellanger est là, s' il vous plait ? Il avait promis... A son neveu (Agrael fit un discret clin d' oeil à son primogène) de l' emmener au cinéma ce soir voir le dernier Disney. Est il là ? "

* Je vais voir, monsieur. Mais la prochaine fois, téléphonez, je ne suis pas standardiste...*

Agrael se pencha vers son primogène et lui demanda à voix basse :

" - Ca ira comme excuse bidon, croyez vous ? "

Agrael se redressa et attendit. La standardite ne semblait pas être pressée...

HRP:

Une voix finit par retentire à nouveau.

- Le docteur Bellanger n'est pas là. Au revoir.

La communication se coupa dans un "scrrriiiiitttchh" assez horrible.

- Il faut croire que non... murmura Philippe au sujet de l'excuse.

Bon, une mégère les renvoyait bouler... Du coup, il voyait deux solutions. Trouver une entrée plus pratique, celle où les ambulances arrivaient, par exemple, ou une fenêtre quelconque. Ou alors poireauter non loin de la porte de service en attendant que des employés sortent.
La seconde solution ne lui plaisait pas du tout, le petit primogène n'avait pas l'intention de perdre plus de temps.

- Voyons si nous trouvons un autre point d'accès dépourvu de cerbère.

Spoiler:

Agrael recula, et observa le batiment, qui lui semblait sinistre, puis dit à son primogène :

" - Il me semble qu' il y a une ouverture possible... Regardez là bas, l' entrée des corbillards."

en effet, qui aurait l' idée d' entrer là ou les corbillards viennent déposer les corps ? A cette heure ci, c' était plutôt calme, en plus.

L'entrée des corbillards est en fait un accès pour ambulance, muni d'une porte coulissante sans doute actionnée de l'intérieur.

Philippe malgré sa fouille et son repérage méticuleux, peine à trouver l'entrée de L'IML, ou plutôt comment entrer avec l'entrée de secours, ou celle des ambulances. Seule une lumière reste allumée à l'intérieur du bâtiment, et très vite il penche pour un vigile.

Alors qu'il commençait à s'éloigner un peu énervé du lieu, s'en voulant de ne rien trouver, il aperçoit un truc qui le chiffonne dans le part. Sous un tas de branchage destiné au broyeur il aperçoit la moto de son infant en piteux état.

Philippe contempla la carcasse métallique, le visage fermé, puis repoussa quelques branches pour pouvoir accéder au véhicule défoncé.
Il retira ses gants, effleura la carrosserie et sembla se perdre complètement dans ses pensées.
Son regard pâle resta d'abord dans le vague, puis s'anima soudain comme s'il voyait des choses.
Il finit par crier de douleur. Son visage se crispa et son corps se tendit, sans pour autant qu'il change de position. Puis il retourna à une sorte de transe, comme choqué.
Dans cet état visiblement second, il semblait beaucoup plus fragile que d'habitude. D'autant plus qu'il avait précédemment fait l'effort de paraître vivant.

Puis, en une métamorphose subtile mais impossible à ignorer, ses yeux redevinrent attentifs et froids, et son expression aussi sérieuse que de coutume.
L'enfant délicat disparaissait pour laisser place à quelque chose de nettement plus vieux et, il faut bien l'avouer, de nettement moins humain.

Le petit Primogène tira sur sa manche gauche pour la relever et se mordit le poignet, sans les crocs.
Ce n'était pas grand-chose, mais se faire mal l'aidait à garder son sang-froid et à repousser sa colère. Cet imbécile heureux de Thomas, au lieu de demander de l'aide, avait tenté de se débrouiller tout seul, et il était peu probable que le porteur de la batte l'ait laissé s'en aller.

Lorsque la douleur atteignit un seuil suffisant pour lui permettre de retrouver son calme, Philippe cessa et rabaissa sa manche. Il espéra que son cri n'avait pas alerté le vigile.

- Agrael, Thomas s'est fait agresser ici même. Il est tombé de sa moto juste avant l'aube. On peut donc supposer que cela s'est passé soit la nuit de son départ, soit hier.
Cherchons s'il y a des traces de lutte, de cendres, ou d'autres éléments.

Son poignet l'élançait un peu, mais cela lui servait de point d'attache pour s'empêcher de sombrer dans une rage noire.

* Juste avant l' aube... Aie ! *

Agrael vit son primogène s' activer autour de ce qui fut une moto, puis dit à son primogène, une fois que celui ci fut calmé :

" - Permettez ? J' ai plus de force que vous, il faudrait peut être redresser cette moto, il y a peut être des indices en dessous de celle ci ?..."

Agrael craignait le pire, lui aussi et se mit à observer les alentours du lieu ou ils étaient. Reflexe, il mit sa main sur son revolver, dans sa poche droite. On ne sait jamais, et puis il prenait son rôle de garde du corps de primogène très au sérieux.

C'était vraiment désespérant de trouver si peu d'éléments alors qu'une agression fracassante s'était déroulée à peine la veille...
Autour des branchages, sous la moto grâce à Agrael, aux alentours... Rien. Il n'y avait rien du tout. Un super pro n'aurait pas fait mieux. Mais un super pro n'aurait pas laissé une moto aussi voyante sur place... C'était à n'y rien comprendre...

Philippe savait parfaitement qu'il y avait du personnel la nuit dans cette morgue, mais nul ne montrait le bout de son nez, et l'aube s'approchait si vite...
Le lendemain serait un dimanche, donc, le service serait sans doute réduit au strict minimum. La conjecture n'était pas bonne du tout.

Il faut savoir reconnaître une défaite quand on se la prend dans la figure, et le petit Primogène murmura sobrement à l'adresse d'Agrael :

- Partons.

L'heure était trop juste, ils avaient trop poireauté devant le bâtiment. Une nuit de perdue, de quoi hurler...
Philippe luttait pour garder son calme, il avait trop supposé de sa résistance. Il allait devoir faire quelque chose très vite. Mais vite signifiait la possibilité de faire des erreurs, et cela le contrariait encore plus.

Vers le métro.