Salon des messes basses

[22 juin]

Adelaïde avait rapidement trouvé une petite pièce paisible, visiblement plus proche d'un boudoir que d'un salon, tout juste faite pour un petit groupe de quatre.

Regorgeant de coussins de velours et de soie, de peintures et de petits meubles délicatement ouvragés dorés à l'or fin, il prêtait aux confidences, voir même plus, ce qui la fit pouffer. Heureusement qu'Ezékiel était un ami, sinon il y aurait vu une toute autre invitation.

Elle l'attendit prêt de la porte pour refermer derrière lui.

"Ce n'est peut être qu'un canular...Un mauvais plaisantin. Va savoir !" Elle referma la porte derrière Ezékiel puis alla prendre place au milieu des coussins, s'y enfonçant avec amusement.

"J'ai une autre théorie...Mais le plus important pour le moment est de savoir si je dois y aller ou pas..." Elle fit mine de soupirer tout en essayant de se redresser dans les coussins si mous qu'ils semblaient vous avaler.

[22 juin]

Adelaïde l'emmena dans un coin tranquille pour parler discrètement de cette affaire, quoi qu'il eu un doute car ce genre de petite salle qu'il avait côtoyé plusieurs fois du temps de Villon avec ses conquêtes, était parfois surveillé par un trou dans un tableau qui faisait office d'oeil. Par précaution il activa son Augure pour veiller à ce que personne ne les écoute.

"Peut-être ça l'est, peut-être que c'est une harpie qui sait. Après notre apparition dans la Chronique de l'Ombre, on peut très bien tomber dans ce petit jeu." Dit-il avec soulagement, personne ne les surveillait par chance.

"Dis toujours, mais si c'est en effet un canular tu devrais y aller pour y péter des rotules, car depuis quand voletons le temps précieux d'une Rose voyons! Les gens manquent cruellement d'éducation et goût en ce moment c'est fou..."

Il fit une pause avant de reprendre.

"Mais je suis quand même surpris du lieu et de la dernière note du message, pourquoi le territoire Gangrel? Eux qui défende farouchement leur tanière. Et pourquoi venir à plusieurs? Je ne te cache pas que la dernière note a un effet...disons rassurant mais qui peut très bien nous tromper et se retourner contre nous."

"Notre apparition dans les chroniques ?" Adelaïde ouvrit de grands yeux étonnés, elle avait omis de lire cette feuille de chou en début de soirée. Mais elle se dit que cela n'avait pas grand intérêt pour le moment.

"Péter des rotules ? Carrément faire mordre la poussière oui ! " Elle se mit à rire.

"Je ne pense pas qu'une personne s'ennuie à ce point que de perdre son temps à ce genre de petite mesquinerie..." enfin tout du moins elle l'espéra.

"Admettons qu'il sagit bien de Nicolas derrière tout cela...Soit il compte se débarasser de moi après ce que j'ai vu hier et le territoire gangrel est un excellent terrain pour cela. Les témoins ? Là pour donner justement la version des faits ! Je suis la seule à avoir vu l'échange, rien ne permettrait alors de remonter jusqu'à lui !"

"Autre possibilité, il est dans un bourbier mais ne peut en tenir informé personne. Il espère donc que nous l'aidions. Il prend toutes les précautions pour que son maître chanteur ne sache pas qu'il a prévenu quelqu'un..."

Elle fronça des sourcils, songeuse.

"Mais là ne sont que pures spéculations. Il se peut que cela n'ai rien à voir avec Nicolas." Elle s'enfonça un peu plus dans les coussins.

"Quelqu'un d'autre...Mais qui ? Et pourquoi ne pas m'avoir demandé de suite d'aller au Luxembourg plutôt que de passer par le petit salon ? N'importe qui aurait pu avoir le papier !" Elle semblait ne plus pouvoir s'arrêter de réfléchir.

"Comment s'est il procuré mon numéro ? Peut être m'a fait il venir au Louvre pour avoir le temps de..." Elle se stoppa net, le visage déconfit.

"...Fouiller ma chambre ! Et merde !!" Elle porta une main à ses lèvres en excuse pour le vilain mot.

"C'est quand même bien se donner beaucoup de mal pour rien !" Elle fit mine de soupirer, ce ne pouvait être son cher tueur après lequel elle courait depuis si longtemps !

"J'ai bien peur que je ne sois obligée d'y aller pour avoir des réponses...Là on ne fait que parier sur du vent !" Elle fit une moue dépitée.

"Tu t'es fait encore remarquer et j'ai eu la palme d'or de la mode parisienne."

Répondit-il en éclatant de rire.

"C'est un peu tiré par les cheveux tout ça, supprimer la belle caïnite qui força le Prince à vider la salle du Trône le mettrait dans une très délicate position pour le Clan. Et puis, comment pourrait-il acheter mon silence? Un infant d'Archonte a toujours été grande de nature gueule c'est connu..." Ajouta-t-il avec un rire sarcastique.

Il fit une pause et reprit tour en prenant un cousin de soie entre ses mains avant de le caresser.

"Je vois plutôt Nicolas comme quelqu'un qui n'a pas besoin de nous pour se sortir d'un merdier, excuse ma vulgarité, mais c'est vrai."

La Rose arqua sérieusement les sourcils lorsqu'il entendit Adelaïde insinuer qu'on était en train fouiller sa chambre.

"Inutile de spécifier ma présence pendant le trajet ma chère, aller viens. Peut-être qu'on arrivera à temps ou même qu'on aura une jolie surprise." Il se leva habilement et ouvrit la porte pour sortir du boudoir tout en attendant la Toréador.

Adelaïde fit la moue aux première paroles d'Ezekiel.

"Est ce moi qui ai demandé de vider la salle du trone ? Non ! Alors pourquoi elle me colle ça à chaque fois ! Si le prince avait une demande à faire en privé, cela ne la regarde pas !" Elle croisa les bras comme une gamine boudeuse. Tout ami cher qu'était Ezekiel, elle s'était bien gardé de lui parler de ses relations avec le prince. Pour ce qu'il en savait, il avait dû lui demander un servir quelconque quand à ses attributions.

Elle le regarda serrer le coussin en souriant.

"C'est vrai que t'as une grande gueule ! D'ange certes, mais une grande gueule tout de même !" Pouffa t'elle tout en lui envoyant en plein visage un coussin.

Puis elle le regarda se lever.

"Tu comptes faire quoi ? Aller visiter ma chambre ?" Elle se mit à rire doucement tout en se relevant des coussins pour le suivre.

"J'imagine les prochains titres ! La rose insatiable entraine ses frères de clans du boudoir à la chambre !" Elle rit de plus bel tout en remettant de l'ordre dans sa tenue.

"Plus sérieusement, ce n'était qu'une hypothèse, je ne pense pas que ce soit..." Elle ne lui avait jamais parlé non plus de sa traque.

"Cette hypothèse ne tiens pas, crois moi...Nous ferions mieux d'aller aux jardins du Luxembourg et repérer les lieux, qu'en dis tu ? Tu m'accompagnes ?" Elle attendit sa décision et le suivra où qu'il veuille aller.

" On a tous notre lot de potins et racontars, chacun son tour ma belle" Lança-t-il avec un large sourire tout en l'observant Ezekiel se prit intentionnellement le cousin en pleine tronche, il le laissa tomber gracieusement avant de prendre un air hautin pour plaisanter.

"J'aurais pu être Harpie, on le sait tous! Mais disons que j'ai eu des contre temps pour finaliser cette utopie digne de ma psyché" Il fit un geste mort avec sa main indican que cela lui importait peu. " J'aurais pu vite faire disparaître cette affaire tu vois! Un bon ami Harpie, quel confort!"

Lorsqu'il se releva et entendit la remarque de la Toréador, il ne put s'empêcher d'éclater de rire tout en retenant cette euphorie humoristique.

"Ça serait le comble et puis on ne serait pas les premiers... ni les derniers." Il termina sa phrase avec un clin d'oeil complice avant de s'adosser contre un mur.

"Oui, la visiter et peut-être la redécorer qui sait?" Rétorqua-t-il avec son sourire éternel.

"Mouais, tu as peut-être raison. Et puis bien sûr que je t'accompagne!" Il se mit derrière Adelaïde et la poussa pour qu'elle sorte de la pièce. "En plus j'ai du gaz lacrymogène, on ne-ris-que-ri-en! C'est super contre les chiens il paraît." Il s'approcha de l'oreille d'Adelaïde. "Ne dis pas à Izabela que ce j'ai dit, tu seras gentille." Il laissa un léger rire sortir de sa bouche avant de se remettre droit.

Adelaïde se laissa pousser hors de la pièce par son ami tout en mimant la fermeture à clée de ses lèvres.

"Je serai muette comme une tombe monsieur !" Rit elle "Enfin peut être, tout dépendra si cela me vaut que cette incident de la salle du trône soit effacé de leur mémoire !" Elle pouffa joyeusement.

"Et je t'interdit de redécorer ma chambre !" annonça t'elle tout en prenant le chemin vers la sortie.

[Direction Hôtel notre Dame.]

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