[arrivant de la fondation]

Morgan s'approcha du lieu de rendez vous avec ses apprentis. Il surveillait chaque recoin pour ne pas se faire surprendre. Il ferait sans doute un cercle de protection une fois installé à la table avec tous.

- bonsoir tous les deux.

Ils étaient entre gens de confiance. Entre gens qui avaient sauvé la ville et les vampires de la ville. Des frères d'arme.

Arrivant de la Chantrie, Victor gara son véhicule à proximité de la rue, puis ouvrit la portière pour Orane, son Régent étant sorti trop vite pour qu'il le fasse pour lui, et de toute façon, cela aurait pu paraître bizarre aux badauds d'observer un tel comportement, à part pour ouvrir la porte à une femme, ce qui fut finalement le cas.


Victor en profita même pour adresser un sourire complice à sa supérieure, tout en accentuant une petite révérence, de façon à se montrer galant tout en maintenant un semblant de comédie entre deux amis. Il attendit que Sebastian soit sorti à son tour, ferma la voiture en enclenchant le code de sécurité.


Puis il suivit Morgan dans la rue, à la recherche de la primogène Ventrue. Il fut surpris (agréablement) de découvrir qu'il y avait aussi Dimitri. Cependant, il en était satisfait : il appréciait particulièrement le Brujah, d'autant plus que celui-ci s'était montré une source d'inspiration et de courage lors de la bataille face aux sbires de Boubanos, sans lui et Gatien à ses côtés Victor n'était pas certain qu'il aurait fini le combat en aussi bon état ni même s'il aurait tenu jusqu'au bout sans fuir. Il ne manquait que Phantom (et Gatien) pour avoir auprès de lui les vampires qu'il appréciait le plus auprès de lui.


Il salua en premier le colosse :

"Bonsoir, Dimitri ! Content que tu ais pu te libérer," dit-il en lui tendant la main.


Puis il se tourna vers Rozenmilna, tendant très légèrement le visage pour lui permettre imperceptiblement de lui faire la bise si elle le souhaitait :

"Bonsoir Rozen. Cette soirée s'annonce des plus agréables."

HRP:

[Arrive de la chantrie]

Sebastian descend de la voiture en même temps qu'Orane, et suit le mouvement en se plaçant en dernier parmi ses collègues. Morgan semble un peu nerveux, regardant à plusieurs reprises à droite et à gauche, ce qui fait comprendre à l'apprenti que la situation est bien plus grave qu'il ne le pense. Seb s'en veut d'ailleurs l'espace d'un instant de ne pas avoir percuté plus tôt, se rappelant la "visite" de la veille, qui aurait déjà dû le guider vers cette conclusion.

Bien vite, le petit groupe rejoint trois autres personnes, dont les deux femmes rencontrées hier et l'homme qui avait établit le plan de combat contre Boubanos. Alors que les premiers arrivants se saluent, Seb cherche dans sa mémoire le nom de ce dernier: Dimitri...Romanov, ou quelque chose dans le genre. Lorsque vient son tour, le trémère tend une main amicale envers la primogène ventrue et à sa "suivante", avant de déclarer:

-Bonsoir, mesdames. Je profite de l'occasion présente pour vous faire mes excuses, pour mon comportement déplacé d'hier. Sebastian Ostwald, à votre service. J'espère que vous ne m'en tiendrez pas rancune...

Après avoir écouté la réponse de son interlocutrice, s'il y en a une, il se tourne vers le brujah afin de serrer sa main à son tour, tout sourire.

-Bonsoir. Victor m'a fait votre éloge, et c'est un plaisir de rencontrer quelqu'un qu'il tient en si grande estime. 

Les présentations et les salutations étaient faites, il était temps de monter à l'étage et d'entrer dans le vif du sujet.


- allons y alors. Nous vous suivons Rozenmilna. Je me permettrais une fois en haut de sécuriser la zone.

Sebastian fut agréablement surprit de la réponse de Rozenmilna, même s'il lui restait l'étrange impression qu'il devait se méfier d'elle. Est-ce à cause d'elle, de son clan ? Il ne saurait pas vraiment le dire, sûrement un mélange des deux. Après tout, les ventrues aiment le pouvoir au moins tout autant que les trémères, même s'ils le recherchent sous des formes différentes. Et puis, Rozen à ce petit quelque chose dans le regard, cette lueur que Seb ne connaît que trop pour l'avoir lui aussi comme compagne, et qui dit sans cesse "Je n'oublie pas. Jamais".

Sur ce, l'apprenti magus fait un hochement de tête en signe de remerciement silencieux au primogène brujah lorsque ce dernier exprime son soulagement à le voir rétablit. Il est alors question d'aller "boire un verre", si bien que Seb se place de sorte à fermer la marche le temps de rejoindre la table réservée par Rozenmilna.

Le décors avait changé brusquement, l'endroit n'était pas le même. Annabelle n'avait conservé aucun souvenir de la dernière heure et c'est un sentiment assez effroyable que de se retrouver perdue dans un endroit qui aurait du être familier.
Elle était restée immobile un instant, un bref instant, assez pour que Rozenmilna s'avance vers ses pairs et entame une conversation.
Qui étaient ces gens...?
Quelques uns ne lui étaient pas inconnus, Viktor, le gentlemen qui lui avait évité la honte d'une chute involontaire, et Monsieur de Lestrain, toujours aussi mystérieux. Les autres, par contre ne lui évoquaient rien.
Un bref instant... qui commençait à durer.
Il fallut à Annabelle tout son courage et toute sa volonté pour se décider à s'avancer à la lumière, dévoilant un visage pâle et fatigué, un visage cireux et un peu malade. La forte odeur de parfum dissimulait mal, pour ceux qui ont l'odorat fin, une autre odeur, plus lourde, plus sucrée.


D'un pas mal assuré elle vint se placer derrière Rozenmilna et effectua à chacun une brève révérence, une légère génuflexion, avec un sourire en plus pour Viktor, un sourire timide et fatigué.
Pas un mot ne franchit la commissure de ses lèvres teintées de noir. Qu'aurait put-elle dire de toutes façons ?
Sa primogène ayant donné le sens de la marche, il ne lui restait plus qu'à la suivre.

Il regarda ses apprentis d'un regard neutre.


- Elle a raison.

Des mots simples qui entrainaient tout le poids de leur signification.

Morgan s'engouffra dans le restaurant, se laissant ainsi que les autres guider vers la table qui avait été réservée au premier étage de l'établissement. Demandant le cocktail maison pour faire apéro, et surtout s'empresser de voir partir le serveur.

Il prit du sucre en sachet qu'il avait dans ses poches afin de faire son cercle de protection. Cela changeait du Glyphe qu'il avait montré la dernière fois, mais était tout aussi efficace.


- on peut y aller tranquille désormais.

Annabelle s'assit élégamment aux cotés de sa primogène, les jambes d'un seul coté de la chaise, les mains gantées, posées sur ses cuisses, plus sage qu'une image et à peu près aussi prolixe.
Un serveur prit une commande de groupe, rapidement expédié par Monsieur de Lestrain.
Quelle étrange idée de se réunir dans un restaurant ! A moins que celui ci ne fournisse une cuisine aussi pointue qu'incongrue, il était bien peu probable que qui que ce soit trouve ici de quoi se restaurer.


Les protagonistes commencèrent le débat. Il était centré sur l'enquête en cours et ses rapides conclusions à en tirer. C'était certes des redites, mais cela ne gênait aucunement Annabelle pour qui la répétition, loin d'être pénible, lui permettait de mieux comprendre les choses.


Annabelle ne participait pas aux débats. En premier lieu parce que cela aurait été impoli de couper sa primogène, ensuite car elle n'était pas vraiment une personne d'une conversation pertinente. Plutôt percutante.


Le garçon ramena les cocktails et apéritifs, les distribuant aux convives, qui devaient s'en désintéresser.
Annabelle regarda son long et fin verre cylindrique dans lequel flottait ce qui semblait être une grenadine à l'eau très diluée. Elle contemplait avec intérêt et concentration cet objet inutile sur lequel perlait quelques gouttes de condensation.
Cela la fascinait, extirpant la jeune femme de la pièce pour l'amener loin, très loin d'ici, dans un univers qui lui était propre. Un univers rempli de rien, si ce n'est une gigantesque grenadine à l'eau.

Morgan connaissait les raisons que Rozen venait d'invoquer, elle fit un bref résumé qui était plutôt efficace.
Ils en avaient parlé un peu avant dans la salle du Glyphe présente dans les sous sols du Louvre.


- Rozen a parfaitement résumé la situation. Personnellement je pense aussi que l'on a à faire à plusieurs personnes. Il convient de se méfier de la gargouille de la fondation également... En plus de Doryan et de Nadia. Si l'on y va maintenant ils ne seront pas préparés surtout si l'on fait une action leurre..

Le fin tube de verre aux couleurs sombres semblait sortir de la table comme une colonne miniature posée sur un lac symbolisé par la table, une sorte d'incongruité de couleur sur une nappe blanche et unie.
D'un petit mouvement du doigt, Annabelle baissa un peu ses lunettes pour y lancer un coup d'œil par dessus. L'objet était plus clair sorti du prisme des verres teintés, un étrange mélange de couleurs, du vert pâle à la grenadine diluée.
Rien ne semblait exister d'autre que le verre suintant de perles d'eau. Annabelle était seule dans la pièce sans mur, sans personne, sans espace, ni même de temps.


Il était étrange qu'un spectacle aussi banal puisse la mettre dans un tel état de transe.
Il parait que les Toréador souffrent d'une telle pathologie, mais uniquement en contemplant de l'art.
Annabelle pouvait se perdre dans le quotidien et l'inutile.


Elle tourna la tête sur sa droite pour découvrir que Rozenmilna était assise là, douce et calme, ses lèvres remuant, sans toutefois qu'un son se fasse entendre. Le rouge carmin de ses adorables lèvres avait remplacé la grenadine inutile, et elle tentait de deviner les mots prononcés par sa primogène.
Cela n'était pas très utile, elle savait déjà ce qu'elle avait à dire.
Annabelle lui sourit, puis posa sa main à coté de celle de la ventrue, sans toutefois oser la toucher.

• Vous pouvez compter sur moi, mademoiselle. Nous allons retrouver cette Nadia et on va lui défoncer la tête...
  

Bien que ces paroles avaient pour unique but de rassurer son amie, Annabelle fut génée d'avoir été si véhémente. D'autant plus qu'au final, les autres convives étaient là. Depuis le début, mais elle ne s'en était pas rendu compte.
Ils avaient entendu sa recommandation peu subtile et dès lors les regards indifférents pouvaient se muer en moqueur.
Embêtée par son audace, Annabelle osa quelques explications supplémentaires, dont la teneur pouvait se résumer en quelques « euh.... » ou « ahhhhh... ».


- Ce n'est pas le but de l'opération ? Osa-t-elle toutefois demander.

Morgan écouta patiemment tout le monde, il était toujours difficile de jauger, entre solution bonne ou mauvaise. Il fallait néanmoins une réponse.


- Il est clair que nous ne pouvons pas en être sûr. Il est tout à fait possible que celle ci puisse nous écouter... Cependant certains éléments me laissent penser que non. J'ai pu récupérer le bracelet dans la chambre de Nadia, alors qu'elle semblait avoir été commandée pour le récupérer.


Aucun de nous ici n'a fait l'objet d'une intrusion mentale. La domination, malgré sa puissance, a néanmoins des règles à respecter.

Il ne pouvait la décrire à ceux qui ne maitrisait pas la discipline.


- C'est pourquoi je ne pense pas que l'on soit dangereux pour vous. Par contre, il y a des choses qu'elle peut nous masquer, encore que maintenant qu'on le sait ce sera moins évident.