---> Le Domino

La fouille des gardes avait été aussi désagréable que d'ordinaire. Venise détestant qu'on posât la main sur elle, elle jugeait chacune de ses entrées au palais comme une épreuve humiliante et néanmoins nécessaire.

Elle n'aimait toujours pas le Louvre. Trop grand. Trop peuplé. Trop éclairé. Depuis son élection au Primogène, elle devait être assidue à la vie de cour. Cette immersion lui déplaisait fortement. D'ailleurs elle avait tout fait pour passer un maximum de temps ailleurs. L'aura de mystère soigneusement entretenue par son clan lui avaient permis de s'éclipser afin de passer plus de temps en compagnie de ses Frères... Au profit du Clan bien entendu. 

A peine entrée au Petit Salon, elle remarqua un visage connu. A côté de lui, une femme à qui elle n'avait jamais été présentée. Résistant à l'envie de tourner les talons pour rejoindre les jardins, elle se plia aux mondanités d'usage et s'approcha du duo.

"Bonsoir Julien." 

Elle hocha la tête en inclinant légèrement le buste d'une manière un peu raide devant l'inconnue.


"Je suis Venise, du clan des Masques comme vous pouvez le constater." dit-elle de son habituel ton monocorde qui rappelait celui d'un répondeur téléphonique.

Venise sentit que quelque chose n'allait pas. Il y avait une sorte de gêne, une tension ténue dans l'air qu'elle n'arrivait pas à expliquer. Elle avait peut-être interrompu un aparté important. Quel dommage, elle aurait dû arriver plus discrètement afin de saisir quelques bribes de la conversation.  Elle ferait mieux la prochaine fois.

Son œil ne manqua rien du geste de l'inconnue qu'elle jugea inapproprié. Personne ne glisse une main au niveau des parties intimes d'un homme sans y avoir été invité, et surtout pas en public, la décence l'interdit. Sur ce sujet Venise en avait vu et entendu de belles; être propriétaire d'un magasin de déguisement impliquait invariablement une frange de clients interlopes aux mœurs inhabituelles. Venise resta cependant stoïque, son regard passant alternativement de l'un à l'autre pendant quelques secondes. 

"Je vais bien. C'est valable aussi pour vous à ce que je vois."

Venise faisait une allusion à peine voilée de l'incident et aux blessures subies par les vengeurs de Lou. Cette histoire les poursuivrait pendant longtemps. Cela les ferait peut-être réfléchir à l'avenir avant de se lancer de manière irréfléchie à l'assaut d'un bâtiment, bien qu'elle en doutait fortement. 

Elle se tourna vers Alice et répondit poliment -quoique sans emphase- à sa tentative pour amorcer un semblant de discussion polie. 

"Oui, il vient de Venise. De chez Schegge pour être plus précise, c'est le plus ancien fabricant encore en activité. "

La réponse était concise et factuelle, comme d'habitude.

depuis sa libération, la séthite n'était pas sortie de chez elle.. recevant personne, ou presque... s'éloignant de toute le monde, ayant peur de leurs regards. Cette nuit, bien qu'un mois ne fut pas assez pour se faire oublier de tous, elle sorti... elle marcha lentement jusqu'au louvre... le printemps arrivait lentement, mais enserré dans son long manteau, elle n'eut pas froid...

Arrivée devant le Louvre, elle hésita... mais la solitude commençait à la chambouler, elle était une créature sociale... elle avait besoin de la relation à l'autre et l'humain ce n'était pas ça... Bref, elle hésita, mais entra... la fouille fut solide, ils ne la ménagèrent pas du tout, eh bien qu'ils n'eurent aucune raison selon luddmila d'agir ainsi, elle comprenait et ne rechigna pas.

Elle avait la première parti de fait et se disait que si c'était trop pénible, elle pourrait toujours retourner à sa résidence. Les choses avaient changée, elle le savait, mais Parménion était encore prince et il l'avait épargné alors... et en élyséum ils ne pouvaient la détruire pour le plaisir.

Elle entra dans le petit salon... sourit  a tous, un plus grand sourire pour julien et alla s'assoir dans un coin tranquille... elle était sociable, mais pas suicidaire elle ne se lancerait pas dans la foule d'un coup... Elle croisa ses longues jambes, et observa discrètement les gens, leurs réactions, sans pour autant les fixer

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[Vient de l'entré du Louvre]


Gatien passa le seuil du Petit Salon. Comme il l'espérait, il y avait du monde.
La dame au masque qu'il avait vue à la commémoration, mais également la jeune Malkavienne qui lui avait donné son numéro : Alice. Elégante en talons et dentelle.
Il y avait un inconnu aussi, et... dans une magnifique robe grise... telle une perle dans un écrin...

Il sourit, inclina la tête pour la cantonnade, et salua Alice d'un petit geste de la main. Elle semblait parler à la dame au masque, et il ne souhaitait pas l'interrompre.

Il s'avança vers Luddmila. S'inclinant légèrement devant elle, il lui dit :

- " Mademoiselle Luddmila, je suis très content de vous revoir. Je me réjouis de votre libération. Et cette robe vous va à ravir ! "

C'était une façon d'exprimer son contentement. Parfois, la volubilité de son sud natal reprenait le dessus sur les années de convenances et de discrétion.

[depuis la chambre du Louvre qu'il occupe toujours...]

Phantom se dirigeait vers le petit salon d'un pas plus assuré. Tant de chose avait changé en un mois... Enfin pour lui c'était depuis trois semaines. Avec l'explosion de l'abbaye, il s'était tapé une semaine de torpeur... Sans parler de la difficulté qu'il avait eu à s'en remettre.


Entrant dans le petit salon, il salua tout le monde, tous ceux qui étaient présents :  Venise son primogène à qui il fit une courbette, Julien le nouveau fléau et son compagnon d'infortune, Gatien... Et... Il la vit...


Cela faisait un bon mois qu'il ne l'avait pas vu. Il s'était tant inquiété à son sujet... Sa torpeur avait fait tomber ses plans à l'eau... ET il n'avait pas pu la revoir.

- Luddmila...


Il resta là... Ne sachant pas quoi faire ou comment réagir.

Gatien ne broncha pas lorsque l'inconnu de tout à l'heure s'interposa pour embrasser Luddmila et se placer derrière elle. Il avait l'habitude qu'on l'ignore.
Puis, un léger déclic se fit dans sa tête.
Il n'était plus une goule invisible. Il était un Ventrue. Mieux, il était l'Infant de mademoiselle Boniface.
Ce que venait de faire l'individu était donc plutôt malpoli... Il chercha un moyen de le faire remarquer sans pour autant faire un scandale.
Il essaya par conséquent de capter le regard de l'intrus, et lorsqu'il l'eut obtenu, il lui sourit et le salua :

- " Bonsoir, monsieur. Je suis Gatien de Cambiaire. "

En toute logique, l'autre devait se présenter en retour. S'il ne le faisait pas, il lui poserait franchement la question. A moins que Luddmila ne manifeste le désir de rester avec son ami, bien évidemment.

Dans son dos, il entendit une voix, et se retourna pour voir de qui il s'agissait.
Berk ! Un Nosfératu !
Il garda un visage aussi impassible qu'il put, surtout qu'il reconnut rapidement Phantom.
Il fut soulagé de le voir plutôt bien portant, et lui adressa un sourire.
Il lui aurait bien parlé, mais il semblait que le colosse souhaitait plutôt parler à Luddmila. Il est vrai que c'est ensemble qu'il les avait rencontrés, dans le bureau de son tuteur désormais en torpeur, monsieur d'Arcy... Il devait avoir des choses à lui raconter...

Aussi, il tourna les yeux vers la belle Sethite, pour voir si elle voulait lui demander d'aller voir ailleurs ou pas.

Julien vint la rejoindre, elle lui sourit lorsqu'il vint se placer derrière elle... le pauvre paraissait un peu nerveux. ainsi, elle déposa sa main délicate sur celle que Julien avait posé sur son épaule.

puis Kovacs approcha, elle lui sourit chaleureusement, il avait l'air bien et cela la remplissait de joie

Phantom ! c'est un plaisir immense que de vous revoir après tout ce temps ! je vous en prie, venez vous assoir...

Elle se leva, désignant  un siège près du sien à phantom et marcha doucement, faisant les quelques pas qui la séparait de Gatien a qui elle sourit tendrement

monsieur de Cambiaire... vous semblez prendre du mieux... vous m'en voyez ravie !

Puis elle lui fit une accolade pendant laquelle elle murmura quelque chose (mp Gatien)

je vous en prie, venez vous assoir avec nous ! ce serait pour moi un réel plaisir !

puis elle retourna s'assoir sur la chaise ou elle était quelques instants plus tôt...

Gatien parut troublé, le temps d'un battement de paupière, par l'accueil de Luddmila.
Mais il se reprit très vite et puisqu'il y était invité de façon si charmante et cordiale, il tira un des fauteuils et s'assit pour rejoindre le groupe.
Enfin, rejoindre le groupe, c'était vite dit. Phantom ne lui avait pas accordé un regard. Il lui semblait assez clair que Julien et Phantom voulaient parler à Luddmila, et pas à lui.
Mais il était prêt à rester pour voir où elle voulait en venir...

Lorsque Rozenmilna entra, Gatien répondit à sa salutation avec un signe de tête, et un sourire.

- " Chère Primogène, bonsoir. "

Il était content qu'elle ait accepté de représenter le Clan. Il la trouvait très capable, et en dehors de cela l'appréciait bien en tant que personne.
Même s'il n'était pas sûr que sa "promotion" lui plaise beaucoup...

Un nouveau déclic se fit dans sa cervelle... Monsieur le Fléau ? Mais oui, bien sûr ! Le Julien qui venait de se poster derrière Luddmila était le nouveau Fléau !! Le même qui avait été enterré sour l'église avec Phantom, ce qui expliquait l'accolade avec le Nosferatu...
Plus que jamais, il se sentit comme un cheveu sur la soupe. Mais il garda contenance et attendit que quelqu'un prenne la parole.

Les yeux inexpressifs de la femme masquée suivirent la démarche gracieuse de Luddmila qui souriait; elle avait de quoi: elle était toujours de ce monde. Mais Venise savait quelle épée de Damoclès était suspendue au-dessus de sa tête. Sans ciller son regard se fixa sur la Malkavian à qui elle répondit lentement.

"Non, cela ne me gêne pas. Je porte de pareils masques depuis mon Etreinte. C'est un camouflage nécessaire lorsque je suis en public."

Elle sortit une carte de visite défraîchie dont le papier en carton jauni était imprimé "Le Domino" en titre, la photo d'une échoppe dont le dernier ravalement avait dû avoir lieu dans les années 70 sur la gauche puis le numéro du magasin et son adresse. 

"Je suis l'heureuse propriétaire d'un magasin d'articles et d’accessoires de fêtes. Il est donc facile pour moi de changer de visage et de cheveux."

... Il y avait vraiment de quoi intriguer les gens sur ce qu'il se cachait sous cet accoutrement!

Elle vit Phantom s'approcher discrètement malgré sa carrure qui ne passait pas inaperçue et répondit à sa courbette par un hochement de tête appuyé. Lui aussi fila faire sa cour à la Sethite. Rozenmilna s'approcha à son tour pour lui faire des politesses. Venise savait qu'il devait lui en coûter d'être aussi diplomate; l'article de Kaoum devait être encore dans toutes les têtes.

"C'est une joie de vous voir en ce lieu, primogène."

Elle remarqua que la Ventrue ne s'attarda pas et préféra se retirer dans un coin de la pièce que de rester avec le gros des courtisans. Au moins ses sentiments semblaient limpides concernant Luddmila.