[En provenance du bureau du Gardien]

Gildven avait suivit le Gardien en bas des escaliers et jusqu’à une pièce dans laquelle il n’était pas entré depuis son arrivée au Louvre. Elle était spacieuse, richement décorée. Le genre de faste que l’on pouvait marier avec la simplicité. Gildven aimait beaucoup ce genre d’environnement.

Sur l’invitation du Gardien il pénétra dans la salle. Elle était visiblement destinée aux entretiens privés ou en petits comités. Bien, une chose qui allait dans son sens : les fauteuils étaient suffisamment éloignés pour mettre une bonne distance entre son interlocuteur et lui-même. Il sourit, quelque part, soulagé.

« Voilà, une salle que je n’avais eu le plaisir de visiter pour l’instant. Merci à vous monsieur, de m’y avoir mené. »

Certes, il ne donnait pas congé au Gardien – grands dieux, il n’aurait jamais eu l’audace nécessaire ! Toutefois, il laissait à celui-ci l’occasion de se retirer simplement et sereinement afin de vaquer aux autres tâches – nombreuses, imaginait-il – qui lui incombaient

Le jeune Ventrue ne s’offusqua nullement de la petite absence du Gardien. Il s’avait pertinemment que celui-ci avait un énorme travail à réaliser pour leur bien à tous. Il sourit même.

La proposition du Gardien était des plus charmantes, mais peut-être aurait-il besoin de quelques minutes seul avant la fameuse rencontre ? Ou peut-être la compagnie serait-elle plus agréable ? Il ne savait plus vraiment.

« Je ne saurai vous emprunter à vos autres obligations, monsieur. Mais si votre présence n’est pas demandée ailleurs, ce sera un grand plaisir de converser avec vous. »

Il semblait que le Gardien avait percé l’ambiguïté de ses pensées. Gildven sourit à cette pensée. Cet entretien le troublait-il au point qu’il laissait paraître ses pensées à tout va ou le Gardien était-il doué de certaines facultés en ce qui s’agissait de lire ses interlocuteurs ? Qu’importe à vrai dire.

« Et bien, comme je vous le disais, si vous avez quelques minutes à me consacrer avant l’arrivée de mon rendez-vous, je serai ravi de pouvoir discuter avec vous monsieur d’Arcy. »

Gildven sourit, plus chaleureusement cette fois-ci. De la compagnie lui permettrait d'oublier l’espace d’un instant la rencontre prochaine.

« Un peu plus, avant la Présentation, vous m’aviez demandez si j’avais des manques par rapport à la situation à Paris. L’arrivée du primogène, m’a alors privée de la possibilité de vous répondre. Il est vrai que je n’ai pas encore toutes les pièces du puzzle. J’ai entendu dire, qu’outre ses actions à la Cour, madame d’Orceau aurait été associée à des infernalistes. Pourriez-vous m’en dire un peu plus à ce sujet, monsieur ? »

Profiter de ce moment avec un Roy pour combler ses lacunes était finalement une bonne chose.
A peine avait-il terminé qu’une personne faisait irruption dans la salle...

Un peu déstabilisé, mais sans laisser la moindre émotion transparaître Gildven observa le nouveau venu. Inutile de spéculer sur la personne, c’était bien lui. Une fraction de seconde suffit au Ventrue à reprendre contenance. « Enfin connaissance » ? Il venait pourtant d’arriver. Il avait donc fait des recherches avant de se présenter au Louvre... Et des recherches récentes qui plus est, lui-même n’étant là que depuis trois nuits.

Son attitude envers le Gardien était sans équivoque, s’il ne donnait pas d’ordre, il n’en était pas loin.

« C’est un plaisir que de vous rencontrer monsieur, et je ne puis que me désoler de ne connaître votre nom.
Monsieur d’Arcy, il semble que nos conversations soient vouées à se terminer brusquement. »

Après un regard à monsieur d'Arcy, qu'il remercia d'un hochement de tête entendu, il se concentra sur l'homme. De sa grâce naturelle, Gildven accepta l’invitation à prendre place du nouvel arrivant.

Bien, les choses ne trainaient pas avec celui-là. Il maniait les mots avec élégance mais peut-être avec un petit peu trop d’emphase. Plus jeune il serait certainement entré facilement dans le jeu d’adresse et de séduction du Ventrue. Aujourd’hui, il analysait les faits avec beaucoup plus de calme. La première réflexion de l’homme était certainement loin d’être anodine, Gildven étant autant Irlandais que Français.

Il ne s’agissait pas là de recherches bien fournies, certes. Par contre, qu’il soit au courant de son aversion pour l’alcool était tout autre chose. Très peu étaient au courant de ce fait. Savait-il autre chose ? En connaissait-il les raisons ? Si son corps n’avait pas était ce qu’il était, il se serait mis à trembler, il en était sûr.

Le sourire sur le visage de Gildven resta exactement ce qu’il était, même si le jeune Ventrue n’avait plus du tout envie de sourire. Pour l’instant Edward ne lui avait posé aucune question à laquelle il ne pouvait répondre sans demander expressément à celui-ci d’évoquer son statut. Ce qui était surprenant c’était le naturel avec lequel agissait l’homme. Si Gildven n’avait pas eu autant d’appréhension, il aurait probablement admiré le style de son interlocuteur.

« Monsieur, comme vous devez le savoir, je suis arrivé à Paris, il y a de cela trois nuits seulement. Si je suis le moins à propos de vous exposer de faits consistants sur le Clan, je pense effectivement être celui qui a le regard le plus objectif sur le Clan de Paris, si ce n’est peut-être vous monsieur.
Il me semble être arrivé par une nuit particulièrement agitée où le pouvoir échappait des mains de madame d’Orceau. Si bien, que je n’ai eu le plaisir de me Présenter qu’en cette nuit, comme vous j’imagine. Toutefois, si Reine je n’ai pu rencontrer lors de ma première nuit, la Sénéchal Boniface et monsieur Litovski, le primogène, m’ont fait agréable accueil en leur terres. »

Gildven fit une petite pause afin d’attaquer la vraie partie de la question qui devait intéresser Edward, ce qu’il pensait des membres du Clan de Paris.

« Je vous avoue n’avoir eu l’occasion de rentrer le Gardien que durant quelques instants en cette nuit. Si je n’ai eu le plaisir le connaître d'avantage, tous m’ont fait état d’un homme passionné et investi de sa mission.
La Sénéchal Boniface semble être le membre le plus important, pour l’avenir de se clan et pour sa cohésion, si je puis parler librement. J’ai pu constater en personne de son efficacité lors de l’attaque de la nuit dernière, qui fût accompagnée d’un bris de mascarade. Elle est rapide et efficace.
Enfin, le primogène semble agir en parfaite coordination avec la Sénéchal, de ce que j’ai pu constater. S’il s’occupe avec le plus grand intérêt des nouveaux membres du clan, il semble avoir démontrer des talents politique tout à fait particuliers lors de la Présentation du clan. »

Il s’arrêta enfin. Il avait suffisament parlé pour des questions aussi générales. Ses yeux ambrés, qui aujourd’hui étaient presque dorés, s’ancrèrent dans les prunelles d’Edward.

Edward était loin d’être dupe. Certes il n’avait pas menti au sujet de son ressenti par rapport aux membres du Clan, mais ses paroles avaient bien étés influencés par son respect de ses aînés. Il semblait que l’homme se satisfasse du tableau présenté, mais ils n’en avaient pas terminé pour autant. Gildven restait impassible alors que son interlocuteur se perdait dans son verre.

Si depuis le début de la conversation, les paroles du Ventrue avaient étés plus que correctes, voire charmantes, ses derniers mots marquèrent la surprise chez Gildven. Qu’était-il en train d’insinuer ? Doutait-il des ses allégeances ? Si son sourire ne s’envola pas à l’instar de celui de son interlocuteur, les yeux ambrés de Gildven devinrent froids, glacial. La tension était maintenant palpable. Edward désirait s’attaquer aux choses sérieuses.

« Vous vous doutez bien, monsieur qu’en portant allégeance au Prince de Paris, j’ai porté allégeance à ce Clan, qui est désormais le mien. Mes talents, capacités et même mes pensées sont au primogène, monsieur Litvoski, qui seul jugera de la manière de les employer ou de les divulguer. Si toutefois une instance supérieure venait à me poser la même question que vous à l’instant, je me ferai un plaisir d’y répondre. »

Sa voix était calme et posée. Il n’avait fait qu’énoncer les faits. Il n’était pas censé être au courant du titre de l’homme qui lui faisait face et ce dernier n’en avait jusqu’à présent fait mention. Il ne s’offusquerait donc pas de la réponse de Gildven et s’il désirait des réponses il n’aurait qu’à se présenter. Autrement, s’il répondait aux questions d’Edward, il se parjurerait aux yeux du primogène.

Les secondes s’étiolaient. Pas un souffle. Pas un bruit. La tension était à son comble. Gildven n’avait pas bougé d’un cil, plus par peur de ce qui risquait alors de se produire plutôt que par un effort de volonté. Il fixait Edward avec la même insistance que celui-ci le fixait. Toutefois, inutile de se voiler la face, il n’était rien face à l’homme qui se tenait devant lui. Si celui-ci désirait le briser, il le pouvait.

La goutte qui tombe. Un coup de tonnerre dans le calme ambiant. Il avait presque envie de détourner le regard, mais cela n’aurait servit à rien. Il ne réfuterait pas ses paroles par quelconque action de son corps.

Et puis...

Comme la bulle de savon qui éclate, la tension s’était envolée. Son interlocuteur avait reprit sont air enjoué du début. Il écouta attentivement les paroles d’Edward. En effet, il avait reçu des ordres. Logique, ses pairs et lui même ne devaient se déplacer sans ordre reçus d’en haut... Le sourire de l’homme avait l’air franc, ce qui détendit celui de Gildven.

Voilà qu’il allait même jusqu’à lui proposer son aide ? Avait-il passé avec succès l’épreuve que lui avait tendue Edward ? Il ne pouvait en être totalement sûr. Cependant, ce genre d’aide ne se présenterait peut-être pas deux fois et il se trouvait qu’il avait besoin d’une information, que son interlocuteur détenait probablement.

« Monsieur, votre plaisir et le mien. Il s’avère que je n’ai pas encore une grande influence en ce moment à Paris, suite à mon arrivée toute récente. Une information qui aurait due être détenue par un Bourgmestre me serait fort utile dans mes travaux. Hélàs, je ne vous apprendrai rien en vous signalant ce manque. J’imagine toutefois, que l’information qui me serait utile doit se trouver dans vos recherches monsieur et peut-être en ce sens pourriez-vous m’apporter votre aide. »

A ce moment précis, une vibration familière se fit ressentir dans la poche de son pantalon. S’excusant auprès de l’homme qui lui faisait face, il entreprit de lire le message.

Il ferait ce qu’il pourrait. Il écrit rapidement un message en retour avant de retourner toute son attention à Edward, s’excusant une nouvelle fois au passage.
[SMS à Ivan]

Il ne doutait pas que l’homme, s’il le désirait pourrait répondre à sa question. Encore fallait-il qu’il le veuille ou qu’il le soit en mesure de le faire. Bien qu’il soit impressionnant, Edward Estacado ne prenait pas les décisions, il ne faisait que les appliquer. Les yeux de Gildven semblaient s’amuser dans les teintes ambrées et dorées, trahissant l’humeur plus détendu qui avait étreint le jeune Ventrue.

« Pour mon étude, il me faudrait avoir une estimation du nombre de Caïnites résidant dans les Hautes-Terres, le domaine de notre Clan. Il s’agit peut-être là d’une donnée que vous serez en mesure de me fournir, monsieur Estacado. »

Les yeux ambrés de jeune Ventrue n’avaient pas quittés son interlocuteur depuis que la question fût posée. Il écouta avec attention la réponse de celui-ci. Bien entendu, il détenait l’information. Pourtant, l’homme ne le laisserait pas avoir cette information sans preuve de sa légitimité. Heureusement que l’atmosphère était maintenant détendue, de tels propos autrement auraient pu prendre toute autre mesure.

« Hélàs, monsieur, je n’ai pour le moment le privilège de porter un tel titre. Toutefois, n’imaginez pas que j’oserai vous demander ce genre d’informations si le primogène ne m’avait demandé quelques études sur la gestion de notre territoire. »

Il restait vague, mais assez pour signaler à Edward que cette information était indispensable pour la mission que lui avait attribué Ivan.

Il fût étonné du regard d’Edward. Aux termes de cette réunion, il en était presque arrivé à penser que son interlocuteur s’intéressait un peu à lui et ne voyait pas là « juste » une pièce d’un jeu d’échec, qu’il pourrait user à son envie. Dire qu’il était parti d’une si mauvaise opinion de ce qu’allait lui réserver cet entretien. Toutefois, il était inutile de brûler les étapes et d’accorder une confiance trop précoce à l’homme qui lui faisait face. Pas s’en connaître ses raisons.

« Je vous remercie de cette précieuse information, monsieur et vous assure qu’elle est entre de bonnes mains. Je tiens également compte de vos égards envers ma personne et m’en tiendrait à vos conseils qui, je le sais, sont fort avisés. »

Ce genre de mise en garde n’était pas à prendre à la légère. Peut-être il y avait-il réellement danger, ou peut-être l’homme avait-il déjà prévu de prendre la place de Bourgmestre. Dans le premier cas, il ferait bien de s’y tenir et dans le second, il ne pourrait de toute façon rien faire de plus. Il n’avait ni l’âge ni le titre de son interlocuteur.

Il ne pourrait pas retenir beaucoup plus longtemps l’homme. Il était de plaisante compagnie, mais il avait à faire et s’il lui restait du temps avant l’aube, Gildven se doutait qu’Edward voudrait s’entretenir avec la Sénéchal.

« Il m’est à penser que vous désirerez vous entretenir avec l’ensemble du Clan à la prochaine nuit, monsieur. Si tel est le cas, pourriez-vous me fournir une heure pour le rendez-vous ? »

Le jeune Ventrue hocha la tête tout en écoutant les paroles de son ainé. La nuit prochaine promettait d’être riche en enseignements, surtout si Edward comptait dévoiler la raison de sa présence à Paris. Nul doute, qu’il ne s’agissait pas là d’un sujet anodin. Il conserva son sourire chaleureux, après tout, la discussion fût plaisante, plus ou moins.

Gildven se leva à la suite d’Edward et se dirigea vers la sortie.

« Ce fût un plaisir de vous rencontrer et j’ai passé un agréable moment en votre compagnie, monsieur. En vous souhaitant une bonne fin de nuit. »

Un dernière coup d’œil à Edward, et il sorti du fumoir de sa démarche fluide, sa cape flottant derrière lui.

Arrivé du Bureau

Elle n'avait pas pressé son pas, ni même ralentie en faite. Elle avait profité du temps qu'il avait fallut pour arriver devant la porte du fumoir pour réfléchir, classer et clarifier chaque point qu'elle pensait important dans le discussion qui allait se dérouler dans la pièce. Elle vérifia encore une fois que sa tenue soit impeccable, remit une boucle couleur châtaigne derrière son oreille, puis positionna un peu mieux son masque avant de se décider à frapper trois coup sec. Elle allait vite savoir pourquoi il était en ville, mais sans trop y croire elle espérait qu'il ne soit pas venu pour elle. Elle avait tenté de faire exactement se que le clan attendait d'elle, mais même avec toute la meilleure volonté du monde elle n'aurait pas pu faire mieux. Elle secoue la tête, chassant ses mauvaise pensées de son esprit, elle allait avoir besoin de toute sa concentration, de toute son acuité pour l'affronter.