Les propos de Gatien concernant les avions la firent sourire. A l’exception des réseaux postaux, rien n’était plus désagréable qu’une compagnie aérienne. Entre retard, pertes de bagages, même les plus grandes des précautions prises par les usagers pouvaient se révéler complètement inefficace face à leur incompétence notoire.

« Tu devrais plus être content de ne pas être arrivé demain en plein milieu de la journée. La situation aurait été plus délicate. »

Lou parti d’un petit rire délicat, cristallin. Sous sourire s’agrandit lorsqu’il parla de la position des membres du Clan. Bien. Il avait de suite comprit qu’ils occupaient pour le moment une place importante dans la vie politique parisienne. Une situation plus qu’enviable qu’il faudrait consolider et il leur faudrait même étendre leur influence dans les prochains jours. L’arrivée de nouveaux membres au sein du clan était une bonne chose pour cela.

Son sourire s’estompa un peu lorsqu’il lui parla des Ordalies. Non qu’elle n’était pas heureuse d’en discuter, mais plutôt que des souvenirs heureux refaisait surface. Elle en parla donc avec un sourire énigmatique et une lueur rare dans les yeux.

« L’ordalie est une tradition sacrée Gangrel qui ressemble fortement à un duel. Elle a tout d’abord une fonction de justice et sert à régler les conflits grave entre Gangrels. Mais elle sert aussi de test, elle permet de faire connaissance à deux Gangrels qui se rencontrent pour la première fois ; ainsi en cas d’ennuis, ce sera au plus fort d’aider le plus faible. En outre, elle permet de définir le dominant.
Il s’agit d’une célébration pour tout le clan et seuls les Gangrels ou leurs amis les plus proches ont le privilège d’assister à une ordalie. »

Ce sourire délicat de Lou disparût pour laisser place au tendre sourire dont elle avait gratifié son infant depuis qu’elle se trouvait seule avec lui. Elle n’était plus plongée dans ce passé qui semblait encore si proche. Elle reprit donc le fil de sa conversation.

« Je serai heureuse de t’avoir auprès de moi, le temps qu’il te plaira pendant la durée de ton apprentissage, mon cher Gatien. »

Elle aussi légèrement les sourcils à la mention de Nogent.

« Est-ce bien de Nogent-sur-Marne dont tu me parles ? La périphérie parisienne n’est sous la responsabilité d’aucun Clan particulier car elle ne fait pas partie du domaine contrôlé par la Camarilla. Si c’est bien là où tu comptes te rendre, il te faudra peut être réviser ta décision. »

Elle se leva et prit un papier et un stylo sur son bureau et y inscrivit l’adresse de sa demeure. Revenant vers Gatien elle lui tendit le mot.

« Voilà, c’est mon adresse. Le lieu sert également de refuge au clan Ventrue. Tu y seras bien accueillit, n’en doute pas. Prends le reste de la nuit pour t’installer confortablement. »

Elle lança un dernier sourire avant de vérifier l’heure sur son portable. Diantre ! Elle devait se mettre en route si elle ne voulait pas faire l’affront d’arriver en retard. Elle rangea l’appareil avant de reporter son attention sur Gatien.

« Je suis désolé de devoir déjà t’abandonner, mais je vais devoir me mettre en route pour rejoindre le lieu des Ordalies. »

Lou invita son infant à la rejoindre afin que tous deux quittent le bureau.

[Direction les Ordalies]

A la réflexion de sa Dame sur la fiabilité des transports aérien, Gatien rit de bon coeur. Il pouvait en effet s'estimer heureux de n'être pas tombé sur une période de grève...

L'explication au sujet des Ordalies l'intéressa au plus haut point.
Un duel pour se tester et ainsi fixer la hiérarchie était intéressant.
D'ailleurs, il supposait que ce devait être la même chose aussi dans les Clans comme les Toréador ou les Ventrue, mis à part que le duel était verbal.
Il inclina la tête pour remercier sa Dame de ses éclaircissements.

Lorsqu'elle aborda le fait qu'il pouvait rester avec elle, si gentiment, il se sentit très léger. Il était vraiment heureux de pouvoir la fréquenter, et la voir dès qu'il ouvrait les yeux (ou presque), à la nuit tombée, était toujours un ravissement. Aussi, il lui sourit du fond du coeur et rajouta :

- "Merci beaucoup, cela me fait très plaisir."

Par contre, il se rembrunit à la mention que sa maison n'était désormais plus particulièrement sûre, à cause de sa situation dans une sorte de no-man's-land.
Il était dommage que la périphérie ne soit pas protégée par un Clan. Mais sans doute avaient-ils déjà fort à faire avec l'intra-muros...

- "Tu as parfaitement raison, je crains de ne pas pouvoir y retourner si facilement... En tout cas, pour y résider... Dommage.
Hé bien, je vais plutôt chercher un logement plus près du centre."

Il retrouva le sourire :

-"Après tout, nouvelle vie, nouvelle demeure."


Il rangea soigneusement le papier contenant l'adresse du refuge dans la poche intérieure de son veston, très reconnaissant à sa Dame de ne pas la lui avoir envoyé sur son téléphone, qu'il peinait un peu à prendre en main.

C'est à peu près à ce moment qu'il s'aperçut qu'elle était pressée par le temps, et risquait de ne pas faire honneur à l'invitation qui lui avait été faite.
Aussi, il lui emboita le pas pour sortir du bureau, tout en lui assurant :

- "Cela ne fait rien, nous aurons du temps plus tard. Après tout, c'est le précieux cadeau que tu m'as fait...
Je te souhaite une excellente fin de nuit."

Il espérait effectivement qu'une cérémonie Gangrel lui rappellerait l'époque où elle était heureuse, et que cela tiendrait plus de vacances mentales que d'une réunion de travail.


Il rejoignit donc le couloir sans la retarder d'avantage et descendit récupérer sa valise.