-"Monsieur Liel, ça ne fait qu'une dizaine de minutes que j'attends. Monsieur D'Arcy a reçu une femme puis les deux nosfératus que vous avez vu. Les entretiens ne devraient pas durer trop longtemps."

Elle regarda Hadrien, qui semblait vouloir se fondre dans le papier peint avant de finir par arriver à s'avancer et à se présenter. Elle avait l'impression de le mettre mal à l'aise ou qu'il tentait de contrôler sa bête au vu des poings qu'il serrait, les yeux baissés et avec un débit rapide. Il rejoignit le papier peint plus rapidement qu'il ne l'avait quitté, les mains tremblantes. Elle se contenta de sourire gentiment pour le rassurer.

-"Enchantée de vous rencontrer monsieur. J'espère que ce n'est pas ma présence qui vous dérange?" fit-elle les yeux baissés sur ses mains.

La jeune femme qui les accompagnait se présenta à son tour et posa une question qui laissa un instant Christine visiblement abasourdie. Elle en fut muette de stupeur, se demandant où elle voulait en venir puis finit par comprendre le malentendu.

-"Oh! Je vois." Elle en fut amusée et eut un large sourire pour Séléné. "Non, pas du tout, rassure-toi Séléné. Les toréadors, le clan des roses, sont des principalement des artistes ou des passionnés d'art. Il y a des chanteurs, des dessinateurs, des poètes parmi nous. Je suis créatrice de haute couture, mon art c'est les beaux vêtements issus de mon imagination."

Elle espérait avoir éclairé la lanterne de Séléné et se demandait si celle-ci était une néonate au vu de sa question délicieusement innocente.

*Elle est mignonne!* pensa-t-elle devant sa douce naïveté.

Il se détendit en apprenant qu'ils ne resteraient pas ici trop de temps, enfin normalement. Maintenant qu'il était un peu calmé, il regarda plus attentivement cette jeune femme. Jolie et distinguée étaient les deux mots qui lui convenaient le mieux et pourtant, malgré cela, elle semblait agréable et bienveillante. Peut-être que ce n'était juste qu'une façade, comment savoir ?
Il fut content de voir que son frère et sa sœur c'étaient eux aussi présentés, mais quelque chose cloché. Pourquoi Séléné avait-elle les larmes aux yeux et pourquoi Hadrien c'était mis à trembler ? Il sentait qu'un truc allait pas tarder à lui péter à la figure. Il décida de poser une main sur l'épaule de Hadrien pour lui rappeler qu'il était à ses cotés et qu'il n'était pas seul avec ses femmes. Pour sa sœur, il ne savait pas trop quoi faire.

*De quoi ? Ah !! Elle pense que les toréadors sont les mecs des arènes ? Oui en même temps si le Gardien m'avait pas expliqué j'aurais pu penser à ça. D'ailleurs est-ce qu'il y a un lien entre le nom de ce clan et la tauromachie ? *

Il s'imagina la jolie jeune femme, assise non loin de lui, habillé comme un torero, avec une cape rouge dans les mains en train de faire « passer » le taureau. Il retint un éclat de rire hystérique qui se traduisit par un grognement aigu quelque peu étranglé. C'était vraiment pas le moment de flancher, il fit donc un énorme effort pour éloigner cette image de son imagination insidieuse. Son frère et sa sœur n'allaient pas bien, si lui aussi craquait, ils allaient passer pour quoi ?
Il ne vit pas la réaction de Christine à la question de Séléné, par contre il lui fut reconnaissant pour les précisions qu'elle apporta à la jeune fille. Il la remercia donc d'une inclinaison de la tête et ce décida à regarder sa jeune sœur dans les yeux, avant de tapoter la place à ses cotés pour lui proposer de venir s'asseoir.
La secrétaire de Monsieur d'Arcy annonça à Christine que le Gardien allait la recevoir et Lucas trouva dommage que leur interlocutrice doive déjà partir. Ce petit interlude avait été rafraîchissant, il lui avait permis de se calmer et de voir les vampires sous un autre éclairage. Tout n'était peut-être pas complètement noir, mais il était en tout cas persuadé que le blanc n'existait pas ici, penser cela aurait même été franchement naïf. Il devait juste y avoir des nuances, plus ou moins prononcées, de gris.

« Je suis ravi de vous avoir rencontré Mademoiselle Lombard, je vous souhaite une bonne fin de nuit »

Hadrien resté insensible à ce qu'il se passait autour de lui, trop concentré à reprendre ses esprits.
Quand il sentit une main sur son épaule, il sursauta légèrement. Mais il remarqua ensuite que c'était celle de Lucas et il réussit à se maîtriser, en se concentrant sur cette sensation. Il vit Christine sortir de la pièce. Il n'eut pas le temps ou plutôt pas le courage de lui dire au revoir.
Il la regarda sortir d'un regard éteint.

* J'espère que je ne l'ai pas vexé ... Il ne manquerait plus que je me mette encore quelqu'un à dos *

Il se détendit légèrement.

*Une de moins ... *

Il regarda ensuite vers sa soeur, en voilà une au moins qui était heureuse d'être là. Il la regardait faire et il n'arrivait pas à savoir si elle représentait vraiment un danger ou pas. Il avait du mal à se faire un avis et de toute façon il n'avait les idées claires.
Son regard passa ensuite sur Lucas, il avait l'air d'être le plus apte à vivre en communauté. Son frère s'occupait de lui et de sa soeur, il avait vraiment l'air gentil.
Hadrien détourna son regard et le perdit dans le vague devant lui.

« On est les prochains à passer. J'espère que cet homme pourra nous aider ... Sinon, je ne veux pas imaginer ce qu'il va nous arriver ... »

Hadrien commençait à stresser, il ne savait pas à quoi s'attendre dans le prochain bureau. Il se mit à regarder le sol. Toutes les rencontres qu'il avait fait pour le moment avaient plutôt été des fiascos.

« C'est quand que cette nuit va finir ? Je commence à être las de toute cette histoire ... »

Hadrien se laissa glisser dans son fauteuil d'une manière faussement détendu. Toujours sur ses gardes quant à la présence des deux femmes dans la pièce.

Il regarda les réactions enfantines de sa sœur et se dit qu'au fond, son comportement amènerait peut-être Hadrien à être plus conciliant à son égard. Il l'espérait sincèrement, sinon les nuits au sein de l'Elyseum et dans sa famille ne seraient pas de tout repos pour lui ! D'un coté une sœur pétillante de joie de vivre, dû à quoi, ça, il l'ignorait, parce que dans leur situation Lucas n'était pas prèt de danser la gigue. De l'autre, un frère entre amorphe et dépressif, de son point de vue en tout cas, qui était plus dans le ton.
À la première question de son frère, il croisa les bras et se mit à réfléchir aux possibilités qui s'offraient à lui. À dire vrai il n'y en avait pas des milles et des cents. Il était frustré de savoir que son destin reposait principalement entre les mains d'un homme qu'il n'avait rencontré que depuis peu et qu'il ne connaissait absolument pas.

*Si je continue à réfléchir sur ce sujet je sens que je vais encore m'énerver...*

"Je pense que si jamais on était amené à devoir fuir Paris, il faudrait qu'on reste ensemble. Sinon je ne donne pas cher de nous, quoi que même en restant ensemble nos chances seraient on ne peut plus minces. Enfin ne pensons pas encore au pire des scénarios, pour l'instant Heinrich nous a donné une chance de nous en sortir."

Il s'avachit dans son fauteuil en pensant à ce que pourrait être sa vie en dehors de Paris...inconcevable !! Son cerveau s'égara tout de même sur ce qu'il faudrait faire pour fuir Paris au plus vite si jamais il n'avait pas le choix. La façon dont le Gardien lui avait décrit le Fléau n'augurait rien de bon. Il valait mieux réfléchir à ses options maintenant, à tête reposée, que quand il serait devant le fait accompli. Envisager le pire des scénarios était toujours mieux que de faire preuve d'un indécrottable optimisme.

Hadrien fut surpris des paroles de Lucas. Ce dernier préférait restait avec eux si les choses tournaient au vinaigre. Il ne devait finalement pas l'énerver autant qu'il le pensait. Il sourit timidement à Lucas.

« C'est une offre que j'accepte avec plaisir Lucas. Je suppose aussi que si nous restons ensemble tous les ... trois (il dit ce mot avec une teinte d'inquiétude dans la voix), nous aurions tous une meilleure chance de nous en sortir. Mais tu as raison, restons positif et espérons que nous trouverons ce que souhaite notre chère primogène, ici avec le Gardien ... »

Un homme pénétra dans la pièce et Hadrien se redressa dans son fauteuil. Il le regarda s 'incliner devant lui et se demanda si le fait de s'incliner était la façon officielle de se saluer chez les vampires.
L'homme leur annonçait qu'il ne pouvait pas les recevoir tout de suite et qu'il aimerait connaître la raison exacte de leur venue.

*Nous aussi, on n'a pas entièrement saisit et on aimerait bien comprendre ce qu'on fout ici ... Et accessoirement arrêter de se faire balader par tout le monde ... *

Hadrien en avait marre d'attendre et il se leva donc pour prendre la parole. Il salua l'homme de manière similaire à la sienne.

*Je me sens totalement ridicule de faire ça ! *

« Bonsoir Monsieur, je suis Hadrien Chevalier. J'appartiens au clan Malkavian, mais vous devez déjà le savoir, je pense... Suite à notre entretient avec le Prince, qui ne sait pas passé de manière ... comment dire ... optimale, notre primogène nous envoie vous voir. Il aimerait que vous nous conseilliez des écrits sur les traditions et l'étiquette qu'il nous faut respecter ici. Nous sommes des nouveaux venus et nous ne sommes donc pas au fait de ce qui à cours ici. »

Hadrien avait dit cette phrase d'une manière calme, en essayant de dissimuler son agacement quant à la situation.
Il attendit la réponse de l'homme en restant debout près de son fauteuil.

Il hocha évasivement la tête à la réponse de son frère et continua à réfléchir à leurs possibilités.
Tout à ses réflexions, il fut moins rapide à répondre au Gardien que les deux autres de son clan. À son tour il se leva et s'inclina, puisque c’était apparemment ce que faisait tous les vampires, et n'ajouta rien de plus. Son frère et sa sœur ayant déjà tout dit.
Il attendit patiemment de voir ce que monsieur d'Arcy leur réservait, prêt à ajouter son grain de sel si cela était nécessaire.

*j’espère qu'il ne va pas nous envoyer paître, sinon on sera dans de beau drap !*

Hadrien écouta l'homme attentivement quand celui-ci leur annonça qu'il n'existait pas d'écrit.

*Quoi ? ! ... Je crois que notre primogène c'est foutu de notre gueule ... *

L'homme acceptait de les former, d'après ce qu'il avait réussit à comprendre, mais Hadrien sentait que quelque chose était bizarre chez ce type. Il semblait jouer un rôle et de plus Hadrien n'appréciait pas qu'il garde ses lunettes devant eux pour leur parler.
Mais au moins, il acceptait de les instruire, c'était le principale.
L'homme s'adressa ensuite à Séléné. Hadrien se retourna pour observer sa soeur quelques instants. Elle avait fait une révérence de façon totalement naturelle devant le Gardien.

*Elle sait faire ça elle ? ...*

Hadrien reprit vite sa position d'origine. Le Gardien continua à parler et leur dit qu'il ne pourrait pas commencer la formation cette nuit. C'était logique, la nuit touchait à sa fin ... Et leur demanda un rendez-vous pour le lendemain.

« Je ne peux pas me prononcer au nom de notre primogène pour accepter cette proposition. La lettre me semble une bonne solution pour le prévenir de vos attentions. Je l'accepte avec plaisir, si Lucas et Séléné n'en voient aucune objection ? »

Il se retourna en interrogeant du regard ces deux compagnons, enfin surtout Lucas, car il n'osait pas regarder Séléné afin d'éviter toute perte de contrôle.
Il attendait leur réaction pour voir s'ils était d'accord avec ce qu'il avait dit. Ce n'était pas dans ces habitudes de prendre les devant d'une discussion.

Il écouta le discours du Gardien et retint un sourire quand il évoqua son plaisir d'avoir eu un entretien avec Lucas la nuit précédente. Liel se rappelait parfaitement l'énervement de l'homme quand ils s'étaient entretenus et qu'il n'avait pas sut en dire plus, ne connaissant pas la moitié des informations que l'homme attendait de lui. Cette phrase était-elle une insulte déguisée ?

« Je pense qu'il s'agit d'un plaisir partagé que de déjà vous connaître, cela nous à grandement facilité les choses !»

Le ton était on ne peut plus neutre et le Gardien pourrait bien en déduire ce qu'il voulait. Lucas inclina légèrement la tête pour agrémenter sa phrase d'un signe de respect. Au milieu des loups et des vipères, il valait mieux se donner un genre plutôt que de ressembler à un gentil petit agneau qui attend le bon vouloir des autres.

*Quelle vaste comédie...enfin s'il faut jouer pour survivre, alors jouons !*

Il écouta la suite, ce cher Gardien posait son décor et avait même l'audace de se poser comme leur libérateur, l'homme qui allait pouvoir les aider malgré le fait que ce ne soit pas parmi ses tâches habituelles. Voulait-il devenir Gardien d'un troupeau de Malkavians ? Lucas voyait très bien la manipulation sous-jacente dont faisait preuve d'Arcy, mais le but lui échappait. Il devait forcement y en avoir un, mais il lui manquait certainement des informations pour pouvoir comprendre ce qui se passait dans la tête du Gardien.

*Quelle stratégie adopter ? Jouer au benêt ? Je crois que ce serait amusant s'il finissait par manger sa canne ! Faire celui qui ne voit rien ? Je pourrais certainement en apprendre beaucoup plus puisqu'il ne se méfierait pas de moi ! Hum...stratégie intéressante !*

À la fin des explications de l'homme en blanc, Lucas s'inclina et afficha un sourire reconnaissant. Son corps enfin détendu, pas par le fait d'avoir trouvé une aide, mais réconforté d'enfin tenir sa vie par le bon bout. Il avait enfin trouvé une prise sur laquelle s'accrocher pour pouvoir avancer, au final il devrait peut-être réellement remercier le Gardien.
Son regard se fit pétillant d'un bonheur non feint et c'est d'une voix claire et détendue qu'il prit enfin la parole.

« Merci à vous Monsieur d'Arcy de bien vouloir nous aider. Je donnerais la lettre en main propre à Heinrich et nous nous présenterons à vous, demain, pour commencer nos leçons. Mais juste une précision : pourquoi ne pas nous donner des cours ensemble cela serait beaucoup plus rapide il me semble. »

C'est d'une voix vaguement intéressé qu'il avait posé cette dernière question. Comme si la réponse n'avait aucune sorte d'importance, seulement le Gardien l'avait bien entendu et ses manières l'obligeaient à répondre pour ne pas manquer de politesse à ses interlocuteurs.
Il était un peu inquiet de laisser Hadrien et Séléné dans les mains de cet homme. Il avait comprit que ce dernier avait quelque chose à y gagner et il préférait rester avec les autres pour surveiller ce qui se passerait pendant les leçons de son frère et de sa sœur. Il devrait même en parler à Heinrich, histoire que ce dernier soit averti.

Spoiler:

Lucas s'inclina et souhaita une bonne fin de nuit au Gardien puis s'avança vers le bureau de la secrétaire, attendant que cette dernière lui donne la lettre pour qu'il puisse partir de ce bureau.

Lucas et Séléné étaient d'accord avec lui. Hadrien était soulagé, au moins il n'avait pas dit de bêtise.
Il se retourna vers le gardien et l'écouta attentivement. L'idée d'avoir des cours (avec Séléné en plus) ne l'enchantait pas, mais il n'avait pas vraiment le choix.

*Je pense plutôt que notre primogène cherche à se débarrasser de nous, alors … il sera heureux de ne pas nous avoir dans les pattes ! *

Le Gardien les salua, Hadrien s'inclina à son tour.

« Bonne fin de nuit à vous aussi Monsieur. À demain. »

Quand le Gardien fut parti, Hadrien se retourna une nouvelle fois vers ses compagnons.

« Alors, on fait quoi maintenant ? Il est tard, je ne sais pas si on aura le temps de voir Heinrich avant le lever du soleil … Mais il nous avait dit de le rejoindre dans son bureau … Donc, vous avez une idée ? »

Il en avait marre de cette nuit et attendait avec impatience leur réponse. Il ne savait pas quoi faire et ne voulait pas encore faire d'impair avec Heinrich.

Lucas attendit patiemment la lettre dont le Gardien leur avait parlé. Son frère exposa ses idées, c'est vrai que la nuit touchait à sa fin et dieu seul savait où se trouvait Heinrich. Pour toute réponse Lucas haussa les épaules et retourna à ses réflexions.

Quand la secrétaire posa la missive sur son bureau il fit un pas de plus vers elle pour la récupérer. Il s'inclina légèrement, souhaita une bonne fin de nuit à la secrétaire et tourna les talons, sortant enfin du bureau.

vers là

Il vit Lucas hausser les épaules à ses propos, puis prendre la lettre et sortir.

*Bon … *

Il sortie de la pièce à la suite de Lucas, lançant un timide au revoir à la secrétaire et en contournant au maximum Séléné.

Dans les couloirs

Jean arriva dans le vestibule. La secrétaire lui fit face.

- Bonsoir, je me nomme LEFOL, et je dois m'entretenir avec le Gardien, sur ordre du primogène ventrue.

Il avait fit cela sans émotion. Une mission, un ordre, une action. Rien de plus.

Elle le fit patienter. Jean acquiesça et prit place dans un fauteuil et commença son attente. Chose à laquelle il était habitué depuis quelques heures.