Guidé par un garde mandé par le Prince, Gatien était descendu depuis la grande salle dans les sous-sols, qu'il ne connaissait pas. Ici aussi, tout était grand... Mais un peu oppressant, également. Ou alors, c'était dans sa tête.

Il avait consulté sa montre, et avait interrogé celui qui l'accompagnait. Il avait été assuré, avec beaucoup de laconisme, que des chambres étaient disponibles dans les étages. Le jeune Ventrue en avait demandé une.

Le garde, redevenu d'un silence remarquable, ouvrit la porte de la cellule et fit signe à Gatien qu'il pouvait entrer.
Celui-ci avança d'un pas et rejoignit le seuil.
Il s'étonna de trouver la charmante Luddmila de la veille, celle qui lui avait tenu la main avec bienveillance, à moitié prostrée et le visage défait.
Il se demanda quel traitement elle avait pu subir, et frissonna un peu.
Il se contenta d'un doux :

- " Bonsoir, mademoiselle. "

Quand la porte ouvrit, elle vécu comme une libération... l'espace d'un instant elle se senti moins étouffée. Elle se força pour sourire au jeune Gatien qui arrivait ! le prince lui avait permis de la voir... il avait surement des questions

elle se releva ébranlée par la porte qui se refermait... la regardant se refermer... elle tremblait

bonsoir Gatien...

dans se regard, que de la tristesse et ce malgré le sourire poli... quoi dire... quoi dire qui ne fut pas déjà dit

je suis désolée vraiment... j'aurais aimé que tout cela se termine autrement...

Gatien eut un petit sourire piteux et soupira :

- " Moi aussi... "

Il s'avança un peu dans la cellule, et s'adossa à un mur, histoire de ne pas rester debout auprès d'une personne... disons plus ou moins assise.
Il avait des questions. Oh, il en avait tellement, en fait, qu'il ne savait pas du tout par où commencer...
Alors pour se concentrer, il observa.
Il vit d'abord la caméra. Peut-être donnait-elle du son, peut-être pas. Mais il valait mieux supposer que oui, sans doute...

Puis il remarqua la trace. La trace reconnaissable entre mille d'un pieu planté dans la cage thoracique. Il l'avait vue et infligée plusieurs fois, sur le terrain.
A peine un peu de sang séché, les vêtements percés...
L'enfermement de Luddmila avait dû être un peu... sportif...

- " Vous n'avez pas l'air très bien... "

Evidemment, si elle avait été questionnée "fermement", c'était une remarque complètement débile. Mais il la trouvait dans un si piteux état... Comme si la veille il avait laissé une fleur de lys éclatante dans un vase, et qu'il la retrouvait quelques heures plus tard toute fanée...
Mais il ne savait comment lui dire qu'il compatissait sans paraitre ridicule, de toute façon.
Et l'idée d'être écoutait ne génait aussi dans son expression.

Il avait quelque chose de doux et de naif qui lui faisait du bien... elle resta au sol... les genoux repliés contre sa poitrine, se faisant le moins menaçante possible elle leva ses yeux si tristes vers lui

 je..euh.. j'ai de la difficulté avec...avec les endroits clos... d'ailleurs... si..si tu pouvais obtenir qu'ils laissent la porte ouverte pendant que tu es là...

Elle était consciente que l'image qu'il avait d'elle n'était pas ce qui était de mieux... elle replaça ses cheveux et tenta de dissimuler le trou


Gatien.... j'aurais voulu, je te jure, trouver un moyen de te préserver de tout cela...vraiment ! J'aurais voulu qu'elle accepte enfin qu'elle puisse accorder a Laure la rencontre souhaiter avec qu'il ne se fâche, mais son emploi du temps a rendu la rencontre impossible... j'aurais aimé ...

elle soupira, essuyant une larme se repliant involontairement sur elle même...

Claustrophobe ? Mince, elle devait vraiment se sentir mal... Que pouvait-il faire pour l'aider ?

- " Je crains qu'il ne puisse en être question... A quoi serviraient les cellules si on les laissait ouvertes ? "

Il avait tenté un peu l'humour, mais ne fut pas sûr qu'elle y soit réceptive, dans sa situation. Alors, une idée lui vint, et il sortit son téléphone de sa poche.
Pendant qu'elle s'arrangeait un peu, il s'escrima dessus (il avait encore du mal pour certaines fonctionnalités dont il se servait peu) et reprit :

- " Puis-je vous suggérer de fermer les yeux ? "

Il mit en marche son appareil, et un bruit inattendu se fit entendre : il s'agissait du bruissement de la brise passant dans des arbres, et du chant de nombreux grillons et de quelques oiseaux.
Il reprit d'un ton calme :

- " J'ai enregistré ça chez moi, au mois d'aout dernier...
En fin de journée, lorsque la température est redevenue agréable, et que le vent s'est mis à souffler un peu... Il y avait l'odeur de la pierre sèche qui a chauffé toute la journée, et les derniers rayons du soleil qui caressaient la terrasse de la tour. Les cigales s'étaient tues et laissaient la place aux grillons.
Les hirondelles criaient encore de leur jolie voix claire dans la brise du soir, mais on pouvait déjà entendre les pépiements des chauves-souris sorties chasser les moustiques.
Les pins sentaient bon, et le parfum du thym et du romarin sauvage se mêlait à celui du fenouil. L'air était doux et j'étais si bien que j'ai souhaité garder ce moment.
Si vous arrivez à l'imaginer, peut-être que vous vous sentirez mieux...? "


Les paroles qui suivirent le touchèrent profondément. Même s'il nota plusieurs choses étranges. D'abord, il ne savait pas qu'il y avait une demande avant le rapt... C'était étrange. Et puis, elle utilisait le masculin pour désigner Laure... Bizarre... Bizarre, mais pas si important que ça... Ces questions furent rangées dans un coin de sa tête pour plus tard.

Lui aussi, il aurait aimé que les choses ne se passent pas comme ça...
Il aurait aimé, lui aussi, pleurer encore, et se recroqueviller, comme Luddmila...

- " Il se fait très tard, je ne sais pas si je vais pouvoir rester longtemps. "

Poursuivit-il sur un ton doux, afin de ne pas masquer le chant de la garrigue qui continuait, emplissant la pièce d'une ambiance paisible.

- " Mais j'aimerais vous demander... Est-ce que vous voudrez bien m'expliquer ce qu'il s'est passé ?
Car tout ce que je sais, c'est que ma Dame a été enlevée, et tuée par Laure devant nos yeux. Puis elle s'est métamorphosée en un tas de serpents, qui se sont sauvés...
On m'a dit que vous étiez une Sethite inflitrée parmis les Toréador. Mais ça ne veut pas dire grand-chose pour moi. Je ne sais connais rien sur le clan des Sethites... A peine un surnom...
Au fond, je ne sais même pas pourquoi ma Dame est morte... "

Avant qu'elle ne réponde, il l'avertit avec douceur, mais sérieux :

- " Le Prince Parménion m'a autorisé à venir vous voir, mais il faudra que je lui raconte ce que vous me direz. "

Il aurait trouvé déloyal de ne pas la prévenir. Tant pis si, du coup, elle se taisait. Il préférait rester dans le doute qu'agir en espion.

Il lui refusait la porte... il devait lui en vouloir rien de plus... oh... non... elle ferma les yeux écoutant les sons, écoutant l'histoire...elle se métamorphosa... plus de peu, que du calme... son visage se détendit, ses traits devenant moins tirés, le sourire revenant presque totalement sur ses lèvres... ses jambes se délièrent, quittant sa poitrine, venant s'allonger...elle replaça même la robe... elle était dans l'image donnée si généreusement par Gatien, elle y resterait...

Jamais elle n'ouvrirait les yeux de peur de perdre ca... elle était redevenue calme... mais évidemment il voulait savoir...

il y a plusieurs réponses Gatien... la plus simple étant ma peur d'être détruite, puisque Laure a caché mon coeur quelque part et peut donc me détruire quand il lui chantera alors j'ai obéit, j'ai fait ce qu'il m'a demandé... venir chercher l'enfant de la prophétie... mais... tout le monde ici avait changé, y comprit ceux qui me devaient des faveurs... et comme il me pressait j'ai du faire au plus vite... je n'ai pas l'habitude de travailler seule... c'est la première fois en fait...

la tristesse reparu sur son visage


...mon sir avait toujours été là avant que Laure ne le détruise... enfin... Laure est revenu me voir ensuite, me parlant de la prophétie... un enfant aux grands pouvoirs qui lors de la pleine lune, si le rituel était fait, permettrait à Seth de se réincarner et de nous sauver tous de la fin des temps...il m'a envoyé sur paris et... j'ai du improviser... le clan ventrue m'a découvert, ta Sire m'a protégée.

elle rouvrit les yeux, se repliant sur elle-même

Laure déçue m'a pardonné, mais m'a demander de me racheter en organisant une rencontre pour qu'il convainque la sénéchal de l'importance de remettre l'enfant aux Séthites. Elle avait accepter, je devais l,accompagner et la protéger au cas ou... cependant le nouveau prince la gardait en tout temps près de lui... et le temps passait et... le temps vint a manquer... c'est ce qui je crois à amené Laure a kidnapper Lou

Elle sourit triste


pour le reste, ce qui c'est passé et comme cela c'est passé je ne peux que présumer à partir de ma propre expérience dans les geôles du clan... rien de plus

Elle se leva péniblement et avança vers Gatien, prenant sa main entre les deux siennes dans un gestes doux, maternelle


je suis désolée...

Spoiler:

Gatien écouta religieusement Luddmila. Il lui était reconnaissant de ses réponses alors qu'elle savait que ses mots seraient rapportés...
Il rangea dans un coin de sa tête toutes les informations qu'elle lui donnait, pour y réfléchir plus tard. Mais il nota qu'elle avait des griefs contre Laure, et qu'elle ressemblait à une feuille morte tombée, qui oscille au fil de l'eau, sans attache réelle...

Lorsqu'elle se leva pour lui prendre la main, il ne refusa pas son geste.
Il lui sourit pour la rassurer. Car elle semblait quêter... un pardon quelconque.
Il ne voyait guère ce qu'il pourrait pardonner. De son point de vue, elle avait aidé comme elle pouvait. Elle aurait pu s'enfuir, comme le fait tout infiltré raisonnable une fois sa mission terminée. Mais elle était restée...
Ou alors elle cherchait à l'apitoyer... Comment savoir, il l'avait rencontrée seulement la veille...

C'est alors qu'il s'aperçut qu'il tombait de fatigue... Il consulta sa montre qui confirma qu'il était plus que temps d'aller s'étendre quelque part avant de tomber comme un pantin à même le sol avec un grand manque de dignité...

- " Mademoiselle, je vais devoir vous laisser... Si le Prince me le permet, et si vous le voulez bien, je reviendrais vous voir.
Pour l'heure, essayez de retourner au sommet de la tour, sur cette terrasse tranquille de pierre claire, éclairée par le soleil d'un soir qui tombe... Et passez une bonne journée. "

Il s'inclina devant elle, et tapa à la porte pour s'en aller.
Il serait volontiers resté pour en apprendre plus, mais il était au bord de la torpeur...
Il rejoignit avec peine la chambre qui lui avait été attribuée. Mais a vrai dire, cela aurait pu être un placard qu'il ne s'en serait pas vraiment aperçu...