Philippe se doutait bien que les prophétesses seraient difficiles à joindre. Quand on se cache, c'est pas pour téléphoner aux copines à tout bout de champ. Mais si Alice acceptait d'essayer, c'était déjà ça.

La demoiselle, absorbée par ses recherches, ne répondit pas vraiment à sa question. Elle voyait des images exactes, d'accord, mais ce qu'il s'y passait était-il exact aussi ?

Le jeune Primogène observa, de son accoudoir, l'image que lui montra Alice. Il avait des sens suffisamment affutés pour n'avoir pas besoin de quitter son perchoir.
Il hocha la tête pour la féliciter de la rapidité de sa recherche.
Cependant, d'autres questions se posaient.

"As-tu une idée du pourquoi ils se révèleraient soudain au grand jour ? Une idée de quand ils le feront ?"

De ce qu'il en savait, les garous, tout comme les caïnites, suivaient une sorte de mascarade. Mais là, le troupeau innombrable risquait de salement entâcher leur discrétion. Donc, soit c'était un problème interne du genre rebellion, soit un problème externe qui nécessitait un grand nombre pour y remédier.
Dans tous les cas, toute information serait bonne à prendre...

Une idée en entrainant une autre, il demanda, songeur :

"Cela fait-il longtemps que tu as des visions ?"

HRP:

Philippe nota mentalement les détails donnés par Alice. Si elle avait vraiment une excellente mémoire il devait être possible d'étudier la "photographie" avec plus de précision.

"Et dans ta photographie, c'était le jour, ou la nuit ?"

Une pleine lune ne l'aurait pas étonné, et ça aurait donné un bon indice sur la date du rassemblement des bestiaux.

Puis la demoiselle avoua son âge comme si c'était une faute.
Il était gâté, au niveau du clan sur Paris...
Lucas et Hadrien semblaient complètement novices, Charles faisait obstinément son mystérieux, et Alice aurait encore dû être dans les jupes de quelqu'un...
Philippe l'observa, sans expression, pendant quelques secondes tandis qu'elle ordonnait ce qui était à sa portée. Pour lui, c'était une tentative d'ordonner ses pensées, en passant par l'extérieur. Quelque part, lui aussi pratiquait quelque chose de semblable...
Il chassa cette pensée et nota les mains tremblantes. Ses visions devaient être assez lourdes à supporter, peut-être, pour une infante si inexpérimentée.
Calmement, il répondit :

"Si tu apprends vite, il n'y a pas de raison que ça pose problème.
Mais si faire tes premiers pas seule te pèse, même un peu, je suis là."

Après tout, c'était le boulot du primogène que de représenter plus ou moins le sire. Ou en tout cas de faire en sorte que son clan ne soit pas qu'un ramassis de pauvres clowns.

"Avais-tu, de ton vivant, des intuitions qui s'avéraient exactes, ou bien des flashes ?"

Il voulait vérifier que son sire ne l'avait pas étreinte pour tenter de magnifier une capacité dormante, comme cela se pratiquait parfois.
Car si ce n'était pas le cas, alors le fait qu'Alice ait commencé à voir des choses précisément au moment de la disparition des prophétesses pouvait avoir une signification importante.

Ainsi elle ne pensait pas avoir eu des dons particuliers avant son étreinte.
Alors ses visions venaient de l'extérieur, pour ainsi dire. Soit quelqu'un l'obligeait à voir des choses, soit c'était... le nuage, les pensées du sang, cette chose étrange que Philippe ressentait parfois fugacement, et dont il avait pu voir l'effet concret sur Marie.

Elle cernait les gens ? C'était bon à savoir. Il faudrait qu'il reste sur ses gardes. Mais il gageait qu'avec son expérience, elle devait avoir bien plus de mal à cerner les immortels...

Il aurait pu tiquer devant la question personnelle, mais au final, cela n'en était peut-être pas une. Elle parlait de lui, mais pour parler d'elle, au fond. Apprendre que le sang du premier est sensé te rendre dingue n'était pas spécialement confortable. Et Philippe n'était pas de ceux qui prêchent que la fonte de neurones est un cadeau trop cool dont il faut être heureux.
Il réfléchit quelques secondes à sa réponse, ramassé et immobile sur l'accoudoir de son fauteuil, tel un chat qui guette tranquillement.

"Je ne peux pas répondre à ta question. J'étais trop jeune pour avoir vraiment conscience de ma psyché, et s'il y a eu des changements dûs à l'étreinte, je ne m'en suis pas rendu compte."

Il marqua une pause, pour ne pas sauter du coq à l'âne trop brusquement.

"Chaque malkavian est unique. Chacun a une particularité qui se révèle parfois bénéfique, parfois handicapante.
Aussi, je ne peux que te mettre en garde. C'est une bonne chose que de collecter un maximum de savoir. Mais si la plupart des caïnites trouvent charmante la curiosité chez les jeunes, ils hésitent rarement à s'en servir pour leurs buts personnels. N'hésite jamais à vérifier ce qu'on te dit."

Il resta pensif un instant. Le rôle de conseiller ne lui allait pas trop mal. Et puis, cela avait un côté amusant de se la jouer vieux sage. Etant donné sa situation, c'était même très ironique.
Toutefois, il devait lui demander quelque chose.

"As-tu déjà entendu parler du lien ? Ou de la toile d'araignée ?"

La réponse d'Alice, se méprenant sur le sens du mot lien, qui pouvait effectivement prêter à confusion, lui arracha un sourire. En soi, cela voulait clairement dire que son sire n'avait pas abordé le sujet avec elle.

Elle enchaina avec une autre question. Toujours figé sur son fauteuil, il répondit :

"J'ai rencontré Charles, Hadrien et Lucas il y a quelques semaines, oui. Ils m'ont averti que tu manquais à l'appel.
Puisqu'il semble que nous soyons désormais au complet, je crois qu'il serait bon qu'on se réunisse. Ce sera l'occasion d'aborder un tas de sujets..."

Pour l'heure, il se faisait tard, et il doutait pouvoir parler efficacement quelques heures à peine avant l'aube...
Il reprit donc le sujet qui l'intéressait.

"Le lien, la toile d'araignée, le réseau : ces mots désignent la même chose. Il s'agit d'une sorte de conscience collective propre à notre clan. Je crois que c'est la définition qui se rapproche le plus de ce qu'est la toile. Chacun a sa propre sensibilité, en est plus ou moins proche.
C'est ce qui fait que, parfois, il se tient de vastes réunions de clan sans qu'aucune information n'ait été diffusée.
C'est ce qui fait qu'à l'occasion, l'un ou l'autre perçoit des choses, comme des voix ou des émotions, sans forcément être bon à enfermer pour autant.
J'ai entendu une théorie qui veut que, lorsque des malkavians ont des visions, elles soient issues de la toile. Hors, tu t'es mise à voir des choses à peu près au même moment où les deux filles qui "voyaient" sont parties... Tu vois où je veux en venir ?"

Elle comprenait vite. Il ne savait pas s'il devait s'en féliciter, ou s'en méfier. Les deux, sans doute. Elle n'était pas tombée loin. Mais ce n'était pas exact non plus.

- " Tu as parfaitement raison. Mais je ne pense pas que Rosie et Amélie t'envoient quoi que ce soit. Je crois qu'elles recevaient quelque chose de la toile, et qu'à ton tour, tu commences à le percevoir.
A vrai dire, je suppose que c'est la toile qui essaye de passer un message à quelqu'un sur Paris.
Et peut-être que tu es la plus sensible de nous cinq ? "

Il en doutait, car il se savait très réceptif. Mais il avait aussi un esprit très rationnel, et c'était peut-être une entrave, qui sait.

Il eut un mince sourire en voyant qu'elle se retenait de lister une longue série de questions. Cela ne devait pas être facile de les ravaler.

- " Hélas, pour ce que j'en sais, c'est plus la toile qui se connecte à toi que le contraire. Peut-être est-ce possible de le faire volontairement, mais ça... je n'en sais rien...
Personnellement, il m'est arrivé d'entendre ou de percevoir des choses, mais ça reste rare, et toujours désagréablement confus. "

Il bougea un peu, appuyant son avant-bras sur son genou toujours plié, histoire ne pas mettre son interlocutrice mal à l'aise en faisant la statue trop longtemps.

- " Quelque part, j'ai des visions, mais cela date de bien avant mon étreinte. Je perçois très bien la mort. "

Lucas secoua la tête devant la bêtise de son frère, ne pas en parler au Primogène ? Et il l'avait promis en plus ? Ça voulait dire que l'autre lui avait demandé ? Donc il avait bien des idées pas tout à fait louable...non mais franchement....promettre un truc pareil.
Malgré que son expression se soit fait réprobatrice, Lucas afficha un sourire coquin et enchaîna.

" Toi tu as peut-être promis de ne rien dire, ce qui, entre nous, est tout à fait idiot. Mais moi j'ai rien promis du tout...et c'est un comble si avec un comportement pareil, on n'en parle pas à notre supérieur. Tu ne crois pas ? "

Lucas continua d'avancer vers le bureau, en se demandant ce qui pourrait être fait pour surveiller l'autre...comploteur ? Qu'avait-il à gagner en approchant Hadrien ? Parce que maintenant il était quasiment sûr que ce très cher Jean avait des projets pour son frère ! Le problème était de savoir lesquels. Tout à ses réflexions, il continua d'écouter son frère, se retournant brièvement quand il entendit son nom.

" Hm ? ....Ah ! "

Il inclina légèrement la tête et fit un mouvement de main dans le vent, cela voulait certainement dire que ce n'était rien.
Ils arrivèrent devant la porte de leur Primogène, Lucas leva une main et frappa avec force contre le battant de bois.

Venant de là

Hadrien savait parfaitement que c'était une erreur de ne rien dire. Il avait réussi à se taire jusqu'ici, mais là son frère était au courant et ce-dernier n'avait pas l'intention de passer cette histoire aux oubliettes.

« Je sais très bien que tu n'as rien promis. (Il releva la tête et sourit franchement à son frère.) Et si tu veux en parler à notre chef, aucun problème pour moi, je ne t'en empêcherais pas. Mais, j'ai dit que je n'en parlerais à personne et je n'ai qu'une parole. »


Il sourit une dernière fois puis se tut.
Il suivi son frère jusqu'au bureau et s'arrêta derrière lui, toujours en silence, le temps que le primogène leurs permette de rentrer.

Sans surprise, elle posa d'autres questions. Il précisa :

- " Plutôt les gens après leur mort.
Je sais aussi faire la différence entre un mortel et un caïnite. Même si le caïnite fait semblant. "

Certes, n'importe quel observateur un peu attentif pouvait tirer des conclusions, mais lui, c'était son être tout entier qui lui criait qui était mort ou non. Cela lui avait d'ailleurs drôlement servi, dans cette étrange partie de cache-cache qu'il avait jouée pendant si longtemps...

On tapa à la porte ! C'était Byzance, dis-donc !
Il croisa le regard d'Alice, tout en espérant que ce n'était pas Zozolt qui revenait, la bouche pleine de nouvelles révélations obscures et d'impatience...
D'une voix plus forte que son gabarit fluet pouvait le laisser présager, il répondit un clair :

"Entrez !"

Lucas n'ajouta rien de plus à la conversation, il secoua plus au moins la tête, signifiant qu'il avait compris, mais certainement pas son accord. Certes, son frère était un homme de parole, mais il devrait se faire à l'idée que certaine chose devait être dites. Il espérait franchement qu'avec le temps il deviendrait plus...retors parce que sinon son avenir allait être légèrement compromis...euphémisme quand tu nous tiens !
Toutes les idées de ce qui pourrait lui arriver lui trottaient dans la tête quand il entendit, de l'autre coté du battant, l'autorisation d'entrée. Il jeta un coup d'oeil à Hadrien, puis ouvrit la porte, se tenant légèrement en retrait pour le laisser passer en premier. Il suivit son frère à l'intérieur du bureau et referma derrière lui. Il constata rapidement que le Primogène n'était pas seul et décida de se présenter dans les règles...ça changerais de d'habitude. Il s'inclina donc légèrement.

" Bonsoir Philippe, Bonsoir Alice. "

Il se releva et laissa le temps à son frère de faire de même avant d'enchainer.

" Je suis venue au Louvre et j'ai pensé que peut-être vous aimeriez me voir. J'ai rencontré Hadrien sur le perron, il s'apprêtait à faire une viré avec un charmant Ventrue du nom de Jean Lefol. "

Il s'arrêta là, attendant de voir si le Primogène comprendrait une allusion quelconque. Il avait donné une inflexion particulière au mot charmant et espérait franchement que Philippe serait un peu plus à l'écoute que Heinrich sur certains points.
Il reprit affichant un sourire joueur et un regard aussi sympathique qu'une lame de couteau.

" C'est un homme tout en finesse et en curiosité, en tout cas il semble vouloir se faire des amis...n'est-ce pas Hadrien ? "

Cette dernière phrase, quoi qu'un peu louche, lui avait permis de rentrer son frère dans la conversation. Pas que Lucas voulait qu'il rompe sa promesse, non ! Il donnait juste une information supplémentaire sur quel "ami" Jean avait jeté son dévolu.
Lucas s'arrêta là, il posa un regard vide sur son Primogène et attendit de voir ses réactions. Il voulait analyser ce qui se passait dans la tête du gamin après ce genre de discutions. Resterait-il au premier degré ou comprendrait-il le second ?
Le téléphone de Lucas vibra et il se dit que pour l'instant, il préférait se concentrer sur son Primogène, cela pouvait s'en doute attendre quelques minutes.

Hadrien releva la tête quand il entendit la voix de son nouveau primogène à travers la porte. Lucas ouvrit la porte et invita Hadrien en rentré en premier. Il adressa un regard dubitatif à Lucas, puis lui sourit et entra dans la pièce en le remerciant d'un signe de tête. Il allait saluer le primogène poliment quand il remarqua qu'Aly était là aussi. Il resta figé quelques instants l'observant avec inquiétude.

*Mais qu'est-ce qu'elle fait là ... bordel ... Manqué plus que ça ... et maintenant en plus .... *

Son frère les salua et Hadrien essaya de rassembler son courage pour faire de même.

« Bon ... bon ... bon ... bonsoir ... Monsieur ... (il jeta un regard paniqué vers Aly, ouvrit la bouche, mais ne put rien dire d'autre) »

Son frère commençait déjà à raconter sa rencontre avec Jean.

*Il ne perd pas de temps ... *

Hadrien se recula, la tête baissée pour ne pas qu'on s'intéresse à lui, il alla se réfugier contre un des murs du bureau, autant pour s'éloigner de sa soeur que pour se faire oublier des deux autres. Mais Lucas l'interpella. Hadrien répondit d'une voix faible et hésitante.

*Non ... Il va pas remettre ça sur le tapis ... *

« Pour ... pour ... pourquoi ... tu ... tu ... tu ... dis ... ça ... co .... co .... comme ça .... Lucas ... »

Hadrien se tut avant de paraître encore plus ridicule qu'il ne devait déjà l'être. Entre les sous-entendus de son frère, ainsi que la présence d'Aly qui le mettait mal à l'aise, il n'était pas dans une position très confortable.

Philippe, toujours perché sur l'accoudoir de son fauteuil, salua l'inséparable paire d'un signe de tête.

"Hadrien, Lucas, bonsoir."

Lucas ne perdit pas de temps, et se lança rapidement dans une sorte de double langage.
Philippe, immobile, comme à son habitude, écouta avec attention.
Les Ventrues, c'était ces men in black imbus d'eux-mêmes qui se baladaient avec l'équivalent d'un flashouilleur... Mauvais.

Cependant, il ne comprenait pas pourquoi Hadrien était en mode erreur. Il ne l'avait jamais vu comme ça. Etait-ce les propos de Lucas ? La situation ? Autre chose ? Mais il se dit qu'insister sur sa... crise d'angoisse, ne ferait que la renforcer.

Seuls les yeux pâles, presque jaunes, de Philippe bougèrent, se posant brièvement sur l'un et l'autre. Finalement, il esquissa un gentil sourire et répondit à l'adresse d'Hadrien :

"C'est une excellente chose, de se trouver de vrais amis...
Si l'occasion se présente, tu me présenteras ce Jean... ?"

Il avait légèrement accentué le mot vrais.
Son regard glissa vers Lucas. Au cas où Hadrien ne voudrait pas, il espérait que son compère balancerait celui qu'il semblait trouver louche.
Et il allait lui passer la cervelle au peigne fin, au Roy. Il suffisait de le chopper hors du Louvre. Voire même tout simplement de lui proposer une virée, comme disait Lucas.

"Ceci dit, vous avez très bien fait de passer. J'aurais aimé qu'on se réunisse. Alice et moi avons appris beaucoup de choses, ce soir. Et il faudrait parler du refuge de clan, aussi.
Si vous n'avez rien de spécial prévu demain soir, on peut se retrouver ici..."

HRP:

Lucas prit conscience du malaise de son frère et en chercha la cause, ah oui Alice ! Il pensait qu'avec le temps ça c'était un peu arrangé, mais apparemment il n'en était rien. Il souffla, continuant de fixer Philippe et se décala petit à petit entre Hadrien et Alice. Son frère était tellement mal à l'aise qu'il en devenait presque incompréhensible, un nouveau soupir et il répondit à la question.

" Ne t'inquiète pas je disais juste ça comme ça... "

Il regarda Philippe, lui faisant comprendre par un regard appuyé qu'il n'en pensée pas un mot. Le Primogène prit enfin la parole et à ses mots, un poids s'enleva des épaules de Lucas. Un poids auquel il n'avait pas fait attention. Bien que ce soit un gamin, il arrivait au moins à lire entre les lignes. Bon il ne s'y était pas pris de manière très subtil, c'était vrai, mais au moins le premier test était passé avec succès. Quand le regard ambré passa sur lui, il opina du chef, un mouvement très léger et presque imperceptible.
Il reporta son attention sur Alice et lui fit un sourire un peu crispé, se mettant plus franchement entre elle et Hadrien, la faisant disparaître de sa vue. Il écouta alors le gamin, hochant franchement la tête cette fois.

" Oui ! Ça serait bien qu'on parle du refuge ! Et j'ai certaines questions aussi sur la dernière mission que nous avons faites avec Heinrich. Peut-être cela rentre-t-il dans les informations que vous avez eues aujourd'hui ? "

Il laissa un blanc quelques secondes, réfléchissant sur d'autres problèmes. Beaucoup de changement avait eu lieu ces derniers temps, dans le clan, mais aussi et surtout dans l'Elyseum. Il lui fallait du temps pour réfléchir à toutes les demandes qu'il pourrait faire à son Primogène. Il faudrait aussi qu'il lui demande des choses un peu plus spécifique...peut-être continuer, avec lui, les cours qu'ils avaient commencés ?
Sitôt cette idée parut qu'il repensa à Rosie et qu'un sentiment douloureux lui vint, bien vite réprimé par un sentiment de colère. Préférant ne rien dire de plus, il attrapa son téléphone, se donnant ainsi une certaine contenance. Il tapota l'air de rien, souriant à son écran et replongea dans l'instant.

" On peut se fixer un rendez-vous pour demain ? Ici ? "

Spoiler:

Hadrien releva la tête quand Lucas lui adressa la parole, mais il restait toujours muet. Il sentait la présence de sa sœur, même sans avoir à regarder où elle était, il savait qu'elle était là. Mais il remarqua que son frère c'était un peu rapproché de lui et ça le rassurait un peu.

*S'il y a un problème ... Lucas m'aidera ... Il ne me laissera pas à sa merci *

Il entendit ensuite la voix de Philippe et se tourna vers lui. Il avait l'impression d'être empêtré dans de la mélasse, ses mouvements étaient au ralenti et son esprit aussi d'ailleurs. La peur, l'angoisse qu'il éprouvait le paralyser. Hadrien n'osait toujours pas parler et en réponse à ce dernier il haussa les épaules et hocha légèrement la tête.

Il remarqua que son frère essayait de lui dissimuler Aly et cela le toucha. Hadrien reprit un peu de contenance, croisa les bras sur son torse pour se calmer. Il reprenait un peu le contrôle de ses pensées et essayait de chasser sa peur un peu plus loin. Il fit un très léger signe de tête à Lucas pour le remercier de son attention.
Il resta ensuite attentif à la conversation, mais il ne s'y mêla pas. Il fixait un point vague devant lui, pour tenter d'oublier la présence de sa sœur.

Hé ben... Le Hadrien était vraiment complètement HS...
Le jeu entre les trois jeunots n'échappa pas à Philippe. Il y avait visiblement un problème entre Alice et Hadrien. Ou plutôt du gamin vers la gamine, car elle se tenait extraordinairement sage par rapport à sa volubilité de tout à l'heure. Exactement comme quand on ne veut pas effrayer un oiseau qui s'est approché pour picorer.
Il se rappela qu'Hadrien lui avait dit avoir du mal avec les femmes, mais entre avoir du mal et se transformer en gelée, il y a quand même une sacrée différence... Cela ne devait pas être ça...
Il interrogerait tout ce beau monde pour essayer de régler le problème, parce que si chaque réunion de clan ressemblait à ça, ce n'était même pas la peine de s'embêter à en organiser.

Philippe fut satisfait de la réponse non-verbale de Lucas. Et un peu blasé d'apprendre qu'encore une fois, il était probable qu'Heinrich lui ait laissé un autre bébé sur les bras.

"Si votre mission concerne une prophétie, c'est possible. Sinon, je crains que ce ne soit encore un cadeau surprise pour moi."

Quelque chose lui disait que si Heinrich n'était pas parti, il aurait détesté l'avoir pour primogène. Déjà, lui aussi avait instauré une parodie de famille, et rien que pour ça, il y aurait eu de sérieux accrochages.
Il comprenait parfaitement l'intérêt de se faire accepter comme patriarche, car l'autorité était renforcée par un certain attachement sentimental. Mais quelle farce, au final...

Il commençait à être très fatigué, et se dit qu'il était temps de renvoyer toute la troupe dans leurs pénates. Aussi, il répondit à la question de Lucas :

"Que diriez-vous de nous retrouver ici en début de soirée ? Comme ça, on ne sera pas pressés.
D'ailleurs, si vous voulez avoir le temps de rentrer chez vous, vous ne devriez pas tarder.
Le canapé peut se déplier, si vous pensez que ça va être trop juste. Moi je vais rester travailler, je pense."

Lucas ne sentit plus son frère bouger et il en conclut que lui cacher Alice l'avait quelque peu aidé, c'était déjà ça de pris ! Ou alors il ne l'entendait plus parce qu'il était pétrifié d'horreur ? Il se retourna donc pour vérifier, mais non, ça ne semblait pas aller plus mal. Il se retourna pour écouter la conversation et remarqua que Alice fit un non de la tête. Dans un premier temps il ne comprit pas, puis il fit le lien entre ce que disait son Primogène et le comportement de la jeune femme. Un énième soupir lui échappa, ils n'auraient peut-être jamais la solution de ce que leur avait fait faire Heinrich. Il avait une envie de le voir juste pour pouvoir l'étrangler !

* S'il n'y avait rien d'important dans ce putain d'appart, pourquoi nous y être fait aller ? Et deux fois en plus ! Avec une mise en scène du genre VIGILANCE CONSTANTE ! Cet homme était-il fou ?..... question purement idiote pour le clan semble-t-il.... *

Il n'avait pas besoin d'y passer la nuit, il ne serait jamais pourquoi il avait failli voir le soleil se lever et point bar ! Sujet clos !
Il s'apprêtait à hocher de la tête pour dire que ça lui allait de se retrouver le lendemain, quand Alice fit interruption. Il avait complètement oublié l'inauguration ! Où c'était déjà ? Dans une boite non ? Ou un bar ? Bof...aucune importance... Se retrouver tous là-bas ? Pourquoi pas, au moins ils seraient en troupeau ! C'était la technique des herbivores ça ! Pas celle des prédateurs...quoi que ?

Son cerveau déconnecta sur ces pensées, restant accrocher pendant un petit moment sur quels genres d'animaux ils étaient. Autant dire que ça ne donna pas grand-chose, puisqu'au final il se savait prédateur. Ses neurones se reconnectèrent et il se secoua.

" Je suis partant, on se donne un lieu de rendez-vous ? Je me rappelle plus vraiment l'adresse, c'est assez flou en fait... "

Malgré le fait qu'il était carrément en train de s'éteindre alors que les trois jeunots restaient vifs, Philippe fut amusé par le discours d'Alice. Encore des questions...

"Je crains qu'il ne te faille attendre un peu pour recevoir tes réponses, Alice..."

Aux garçons, il reprit :

"Je crois qu'elle proposait d'aller à l'inauguration après la réunion. C'est plutôt une bonne idée.
Vous me retrouvez ici dès la première heure ?"

Se fixer un objectif pour après la réunion les pousserait peut-être à être super efficaces, qui sait...

Par contre, s'ils restaient beaucoup plus longtemps, ils pourraient se vanter d'avoir vu leur primogène en torpeur se casser la figure de son fauteuil...

HRP:

Le regard d'Hadrien se ralluma un peu avant la fin de la conversation. Il se rapproche de Lucas et regarda son primogène.

« Oui Monsieur, je serais ici à la première heure. Sans faute.»

Hadrien n'était pas aux anges de devoir venir pour une réunion ou Elle serait là. Mais ce qui l'inquiétait le plus était l'inauguration du nouvel Elyseum. Son esprit avait totalement occulté cette information, mais maintenant que les autres en parlaient ça lui revenait en tête. Il ne préférait pas penser à ça pour l'instant et décida de prendre congé.

*...*

« Je vous dis donc à demain.»

Hadrien s'inclina, se dirigea vers l'entrée du Louvre pour récupérer son couteau et partir chez lui en taxi.

Lucas commencer à sentir les prémices de la torpeur, il avait de plus en plus de mal à se concentrer. Il hocha la tête à plusieurs reprise, espérant ainsi expédier le tout et rentrer chez lui au plus vite.

* Venir ici tôt....demain....réunion puis...... inauguration ! C'est bon...j'ai tout ! *

Il commencé à se répéter tout cela en boucle pour ne rien oublier, malgré l’obscurcissement croissant de son esprit. Il s’ébroua pour s’éclaircir les idées et sur les derniers mot de sont Primogène il hocha une dernière fois la tête.

" À demain ! "

Il tourna les talons, fermant la porte plus brusquement que voulu. Il récupéra ses armes au postes de gardes et fila vers sa moto afin de rentrer chez lui le puls vite possible et avant le lever du jour de préférence !

Vers là.....