Ahuizotl fut conduit jusqu'au bureau du Primogène. Il n'aimait pas l'endroit même si, il devait l'admettre, il était d'une simplicité plutôt apréciable.
Le soleil commençait à pointer ses premieres lueurs et le vieux Gangrel apréhenda pour la première son arrivée. D'habitude il pouvait attendre le dernier moment pour ce fondre dans la terre et profiter de cet instant magique où le soleil perçait les ténèbres pour annoncer le nouveau jour, plein de vie et de joie.
Ce soir là, il réalisa qu'il ne pouvait dormir dans la terre et qu'il lui fallait se barricader dans ce bureau, sans rien ni personne pour le proteger. Il ferma les rideaux, mis une armoire devant la fenetre et se plaça dans le coin opposé, le plus sombre et le moins exposé au passge pour y mettre bureau et étagère et se faire un petit abri pour dormir.
Il sentit alors la torpeur le gagner ... il était coupé de la Terre ... il avait peur ....

Ahuizotl sortit de sa léthargie avec le même sentiment qu'il avait eu lors du lever du jour... la peur.
Cette peur, il ne l'avait pas ressenti depuis plusieurs siècles, depuis que Tlaltecuhtli, le Dieu de la Terre, avait décidé de le protéger de Quetzalcoatl et de ses rayons destructeurs.
Il pouvait désormais dormir dans la Terre et profiter de la sérenité et de la protection divine qui lui était offerte et il refusait de croire qu'il pouvait y avoir un refuge plus sûr que celui des Dieux. Cette nuit en fût la preuve et bien que son corps immobile n'aie pas été dérangé de la journée, son âme a connu mille tourments et le laissa dans une humeur terrible an debut de cette nouvelle nuit ....
Il décida cependant de se remettre vite au travail car il avait conscience que le cycle allait bientôt se terminer et qu'il n'avançait pas dans sa quête pour sauver ce qui restait de l'humanité.

Il commença par dégager les meubles qui obstruaient la fenetre et la porte. Il prit le temps de contempler le ciel. Citlalmina et Citlaltonac étaient plus généreux que la nuit précédente et il resta quelques minutes à les observer, réalisant qu'il devrait très rapidement reconstituer son calendrier pour savoir exactement où il en était de son cycle ... Il aurait beaucoup de mal à reconstituer la carte du ciel mais il savait qu'au Louvre, il pourrait trouver de nombreux ouvrages d'astronomie pour l'aider dans ses recherches. Il ne savait qu'un chose aujourd'hui, il était en "Février 2011 après Jésus Christ" et il devrait intégrer cela dans sa nouvelle façon de voir le monde.
Il prit ainsi son courage à deux mains pour aller chercher, dans le petit salon, les livres qui pourraient l'aider dans sa démarche puis les posa sur la plus imposante des bibliothèques de son bureau qu'il avait préalablement vidée de son contenu.
Après trois bonnes heures de recherches et de va et vient, il en avait terminé pour cette nuit et pour l'aménagement de son bureau... Non ! il manquait encore quelquechose...
Il demanda à l'une des nombreuses goules s'il pouvait avoir, dans son bureau, de l'argile pour fabriquer des vases, de l'eau et des graines pour les oiseaux.
Il savait que la deuxième partie de la nuit allait être longue mais elle était indispensable pour la suite de son plan.
Il devait se rendre sur son nouveau territoire et faire savoir qu'il était le nouveau maitre. Cela allait lui prendre du temps et attirer vers lui de redoutables ennemis qu'il ne connaissait pas encore. Mais après quelques nuits, ils allaient se découvrir, il en était certain.
Le piège qu'il prévoyait de tendre à ses prédateurs n'était pas sans risques puisqu'il était l'appât mais s'il coordonnait bien ses actions, ses ennemis n'auraient aucune chance ...
Il attendit calmement le retour de la goule, griffonnant sur quelques feuilles blanches les poteries qu'il allait réaliser et les symboles qu'il inscrirait dessus....

La goule revint avec quelques sachets de graines et deux bouteilles d'eau en plastique.

"Voilà Monsieur, c'est tout ce que je peux vous apporter pour le moment ! Il y a cependant de nombreux magasins à 5 minutes d'ici et je suis sûr que vous y trouverez votre bonheur !"

"Hummm.. Merci beaucoup !" Repondit le vieux Gangrel, le visage légèrement plus fermé que d'habitude.
Il était conscient que la mauvaise journée qu'il avait passée en torpeur ne devait pas être assumée par cette pauvre goule qui faisait de son mieux pour servir les demandes incongrues de son hôte.
Il se força donc à afficher un sourire aimable tout en mettant les sachets de graines dans ses poches.
Il laissa l'eau sur le bureau, à côté de ses quelques gribouillages et quitta les lieux.

[direction les quais de seine]

[Arrivé depuis l'enrée du Louvre.]

Ahuizotl entra dans son bureau et remarqua que tout avait été laissé en l'état. C'était très bien, il allait pouvoir mettre à jour ses documents sans perdre de temps.

Il repris son crayon et la feuille sur laquelle il avait griffoné des symboles étranges. Celui qui connaissait un peu pouvait remarquer que ces symboles reprenaient le calendrier azteque et que nous étions en ce moment au mois Atlacahualo Consacré à Tlaloc, le Dieu de la Pluie. Il griffonna un quartier de Lune, le même qu'il avait gravé sur l'arbre en y inscrivant "La courneuve".

Toujours dans le mois, il griffonna une pleine lune ainsi que le numéro 18.

Il avait moins d'une semaine pour entrer en contact avec les Loups Garous et l'agenda qu'il était en train de se fabriquer allait vite être complet.

Il laissa la ces écritures et repartit vers la banlieue ...

[Sortie direction Vincennes]

Viens du père Lachaise

William arriva au Louvre avec l'idée en tête de demander de l'aide a Fleur.
Seul il n'avait pas les ressources nécessaires pour mener son enquête a terme, cependant avant d'entrer dans le bureau du prévôt il se dirigea vers celui de son primogene. Ce dernier avait reçu ordre de la reine de se faire introduire au niveau politique et William etait bien décider a l'aider au mieux de ses possibilités.
Il salua la goule a l'entrée en lui laissant son sac a dos et monta des la fouille terminée. Lorsqu'il arriva dans le bureau il considéra le chari-vari avec un regard amusé.
Son chef prenait ses marques...
Constatant son absence il retourna a l'entrée pour savoir si les goules ne l'avaient pas vu passer et si elles savaient ou il pouvait être...
Cela ne lui ressemblait pas de fuir un combat, aussi dangereux et compliquées que soient les joutes politiques...

William retourna dans le bureau de son primogene. Ce que lui avaient dit les goules l'inquiétait, dans leurs manières elles n'avaient pas montrées leurs désapprobation, mais William avait pu la percevoir tout de même...
Il etait donc sorti deux fois, et etait revenu plein de sang.
Qu'avait il fait ? Et qu'était il en train de faire ?

William s'en voulut de l'avoir laissé livré a lui même, manifestement il n'était pas encore prêt. Il fouilla le bureau a la recherche d'indices.
Un lieu etait noté sur une feuille, la Courneuve....

Bien il commencerait a le chercher la-bas. Il n'avait aucune idée de ce qu'Ahuitzotl avit en tête, mais ce qui etait sur c'est qu'il ne pouvait pas le laisser seul....

Vers la Courneuve

Ahuizotl avait remercié la Goule de ce qu'elle avait fait pour lui, en précisant qu'elle pouvait prévenir William de son retour et qu'il ne bougerait plus d'ici jusqu'à la fin de la nuit.

La "prostituée" qui venait d'entrer semblait être une femelle désignée pour son plaisir. Sauf que le Gangrel n'était pas sûr de laisser la pauvre bougresse en vie ...

"Tu es très jolie ! Comment t'appelles tu ?"

Il laissa la jeune femme lui répondre avant de poursuivre.

"Retourne toi contre le mur, ferme les yeux et compte jusqu'à 50 ..."

L'ordre était clair et le Gangrel ne souriait pas, laissant la femme dans l'incertitude la plus totale quant aux désirs de l'homme qui lui faisait face. Elle s'executa cependant, pas très sûre qu'il s'agisse d'un phantasme de sa part.

Le Gangrel se dirigea alors vers la jeune femme. Le sang qu'il venait de boire avait calmer la frénésie de sa Bête et il maitrisait la situation. Il approcha, sans faire de bruit, prenant tout son temps...

20,21.22... Il entendait sa voix, légèrement tremblante mais ça ne suffisait pas. Il enleva les restes de sa veste, doucement, sans le moindre bruit puis la jeta en arrière en direction du bureau. Le bruit qu'elle fit attira l'attention de la jeune femme. Il le percevait. Elle était perdue, elle ne savait plus ce qu'il se passait et où cela se passait mais c'était très proche. Elle ne tremblait pas mais son coeur battait plus fort, il en était persuadé. Il s'approcha encore pour essayer de capter les pulsations de ce coeur offert sans le savoir à un redoutable prédateur ...

44.45 ... Elle brulait d'envie de se retourner pour enfin être rassurée et voir ce qui se passait dans cette pièce. Elle ne se doutait pas un instant que le vieux Gangrel était juste derrière elle, appreciant de tous ces sens l'odeur de la jeune femme; l'odeur de son corps et de son sang. Avant la fin du compte, elle sursauta de surprise quand elle fut plaquée contre le mur par l'homme qui colla son corps contre le sien, lui murmurant doucement :

"50 ! Tu as perdue ! tu es à moi !"

La fille fut soulagée et,après ce petit instant de frayeur, se detendit et laissa Ahuizotl assouvir son phantasme.

"Tu m'as ..."

"chuutt !!!!..." Lui fit le Gangrel en plongeant son nez dans le cou de la prostituée. Les doigts de sa main droite griffaient délicatement le dos de la jeune femme, tandis qu'elle descendait jusqu'à la cambrure de ses reins. Sa main gauche carressait ses cheveux blonds, accrochant parfois une poignée de cheveux pour tirer doucement la tête de la femme en arrière pour lui embrasser le cou ...

Il glissa alors jusqu'à ses cuisses, remontant aussitôt sous sa jupe pour lui prendre la fesse de manière puissante et bestiale. Il se souvint qu'en des temps anciens, il aurait pris la jeune femme par derrière, laissant son plaisir l'envahir après un désir aussi intense mais là, rien de tout cela n'arriva.

Le désir qu'il ressentait n'était pas de prendre cette femme mais de mordre son cou si fragile pour atteindre sa jugulaire qui palpitait d'excitation.

C'est alors qu'au lieu de passer derriere elle, il la plaqua contre lui, face à face, lui tirant la chevelure en arrière pour dégager sa gorge lui mordit le cou tandis qu'il maintenait la pression sur sa fesse et croqua cette jugulaire tant convoitée.

La femme était en extase tandis qu'il se delectait de sa vitae, la vidant petit à petit de son sang. C'était ennivrant, c'était un bonheur immense après avoir connu une telle souffrance et le Gangrel se laissait partir dans ce plaisir infini que lui procurait cette femelle...

Le sang coulait, il coulait encore et Ahuizotl sentait la chaleur de ce liquide parcourir son corps. C'était bon ....

C'est alors que le corps de la femme s'affaissa, le sortant soudainement de son plaisir pour le ramener à la réalité. Il avait presque vidé la femme de son sang et heureusement qu'ils étaient restés debout sinon, il aurait peut être tué cette pauvre innocente. Au lieu de ça, elle était par terre, un leger sourire de béatitude sur le visage mais elle était toujours vivante et c'était là le principal.

Il se pencha sur elle, la caressant tendrement, comme pour la remercier du cadeau qu'elle venait de lui faire. Il lecha les marques de la morsure pour la faire disparaitre et porta la jeune femme dans ses bras pour pouvoir lui procurer tout le confort necessaire pour qu'elle se rétablisse dans de bonnes conditions. Mais le confort necessaire ne se trouvait vraisemblablement pas dans ce bureau. Il sortit de la pièce pour trouver un endroit plus confortable et fut presque aussitôt accostée par une goule qui veillait tout près d'ici.

Cette dernière eut craint le pire l'espace d'un instant mais fut rassurée par Ahuizotl qui lui demanda où cette jeune femme pouvait se reposer dans les meilleures conditions. elle la prit dans ses bras, soulageant le Gangrel.

"Je vais m'en charger Monsieur"

Ahuizotl sourit.

"Merci beaucoup !"

Puis il rentra dans son espace clos pour se remettre sur son bureau et ecrire les informations qu'il venait d'obtenir.

Sur la carte de la banlieue proche de Paris, il entoura la zone du bois de Vincennes qui avait failli lui être fatale. Il était conscient qu'il devrait y retourner avant la pleine lune mais il devait élaborer un plan car si les Dieux étaient avec lui, il ne devait pas oublier qu'il pouvait être détruit. Alors, devant une si grande menace, il devait redoubler de prudence....

Le membre 'wolfgang' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

'Sang Humain' :

Une fois prévenu du retour de son primogene William s'excusa auprès de Fleur et couru le rejoindre dans son bureau. Il avait pris pour lui la responsabilités de ses actes, et même si la personne devant qui il l'avait dit été décédée, il ne reviendrait pas pour autant sur sa parole.
Il ouvrit la porte sans frapper, découvrant un Ahuizotl en piteux état.
Il l'observa un instant, reconnaissant les blessures que pouvaient infliger un de leurs "cousins" sous leur forme de guerre, puis referma doucement la porte derrière lui.
Il y etait allé seul, malgré ses mises en garde...
Doucement il s'avança, ôtant ses lunettes, et tourna une chaise pour s'y asseoir, s'accoudant au dossier il le fixa un moment de ses pupilles dorées...

"Alors ?..."

Un seul mot avait pu sortir de sa bouche, mais son intonation trahissait l'anxiété et la colère qu'il avait pu éprouver.

Ahuizotl était torse nu et ce qu'il restait du bas était en lambeaux. Des morceaux de chair étaient visiblement manquants et les blessures semblaient très graves.

Outre les lacérations, il semblait bien que le vieux Gangrel allait être handicapé par les grosses blessures encore béantes sur son corps.

Pourtant, c'est avec un sourire et une confiance dans le regard que le Primogène accueuillit son Bourgmestre.

"Je suis heureux de te revoir mon frère ! La nuit fut mouvementée. Mais assis toi donc que je te raconte, tout n'a pas été négatif ..."

Le Gangrel ne savait pas par où commencer alors il se mit en tailleur par terre, faisant signe à William de venir le rejoindre et commença son monologue.

"J'ai commencé par marquer mon territoire car il faut que je sache très vite ce qui s'y passe et que tout le monde sache que j'en suis le maitre à présent. J'espère avoir assez de force pour y retourner demain et tous les jours qui suivront.

Les animaux doivent me connaitre et répendre l'échos de ma présence sur tout le territoire. Leurs murmures seront propagés par le vent et très vite, ma présence sera connue de tous !

Pour les humains, cela risque d'être plus long .... J'ai attaqué un groupe d'hommes aux limites de mon territoire. Ho rassure toi, ce n'était qu'une provocation destinée à faire parler de moi. Pas de pouvoirs ou de meurtre sanglant. Ensuite, l'un deux m'a conduit jusqu'au parc de La Courneuve au Nord en sortant de la ville. Là, j'ai laissé un message pour nos cousins lupins et je leur ai donné rendez vous dans deux nuits. Je ne sais pas si quelqu'un répondra à mon appel ..."

Ahuizotl laissa un blanc avant de reprendre.

"Je suis ensuite revenu ici pour noter tout cela ici." Il montra du doigt les papiers sur son bureau.

"Tu y trouveras si tu le désires des informations de ce que je peux découvrir si je ne suis pas là. Mais hum ... où en étais-je ... oui ... donc je suis reparti vers le bois de Vincennes pour laisser un message mais là, j'ai été accueilli par nos cousins, et pas de la manière que j'avais espérée ... Le dialogue n'a pas été possible mais je sais désormais qu'ils recherchent un très vieux Caern très proche de là où je me trouvais. C'est pourquoi je pense, ils ont été si virulents ... Mais je suis là et je vais enfin avoir ton avis sur la façon dont je devrais retourner la bas. Il me faut parler avec leur chef. Tu es d'accord avec moi ?"

A la demande de son alpha William s'assit par terre. Il l'écouta parler attentivement, écarquillant les yeux par moment, serrant les dents a d'autres. Globalement il fut plutôt rassuré, il avait craint bien pire que ce qu'il lui etait arrivé. Et la joie de le revoir vivant avait balayée les dernières bribes de colère qu'il avait pu éprouvé.

"Oui, il faut parler a leur chef. Mais il vaudrait mieux éviter de pénétrer dans cette foret. Si un ancien caern se trouve la bas, notre présence constituerait une pollution pour eux.
Mais je ne vois pas d'autres manières de les rencontrer que d'y retourner. Nous irons ensemble, peut être a nous deux nous parviendrons a en maitriser un assez longtemps pour lui faire comprendre que nous souhaitons seulement négocier."

William pencha sa tête de coté un instant, shanel.... Ou en avait il entendu parler...?
Il se releva en s'ébrouant, chassant ses futilités de sa tête. Demain ce serait la demi lune, une étape de plus serait franchie pour le contrôle de sa bête.
Il n'aimait pas l'idée de mêler les roms a leurs affaires, mais comme Aethelwulff lui avait déjà dit, les tenir a l'écart ne les protégera pas toujours...

"Je pense aussi que voir le sénéchal soit une bonne idée, mais ne prenons pas de risque pour notre repos. Je vais chercher un endroit sur ou passer la journée pendant que tu t'entretiendras avec le sénéchal.
J'ai déjà fait quelques recherches cette nuit et deux ou trois endroits semblent offrir une protection satisfaisante, mais il faut que je m'en assure avant."

William aurait préféré le savoir dormir au sein du Louvre, vu son état. Mais il commençait a comprendre son ami, il ne se sentirait en sureté qu'au sein de la terre nourricière. Même si William n'était pas aussi sensible que son alpha a la proximité de la nature, il pouvait comprendre.

Ahuizotl eut un moment de surprise lorsque William lui annonça qu'il ne serait pas présent lors de l'entretien avec le Sénéchal. Il aurait aimé que son frère de clan et Bourgmestre de surcroit participe aux négociations.Il connaissait les qualités de son frère et sa connaissance du monde actuel et il savait que c'était un atout majeur pour le clan Gangrel ici, à Paris.

Quant aux deux ou trois refuges dont il parlait, Ahuizotl était curieux de savoir ce qui pouvait constituer un refuge sûr aux yeux d'un caïnite moderne et il montrait un interêt certain pour le travail de William.

"Une protection satisfaisante ? Veux tu que je vienne avec toi ?" Il semblait refléchir un instant puis ajouta :

"Si la menace est trop forte, nous serons peut être obligés de nous replier dans des caches sures... Ton travail est remarquable William et ... je tiens à ce que tu sois présent à la table des négociations, à mes côtés, aussi souvent que tu le voudras."

Il ne pouvait pas expliquer ce qu'il ressentait quand William était présent à ses côtés mais il sentait une présence indispensable qui calmait sa Bête intérieure aussi bien que son esprit. Pourtant, il était sûr de lui en toutes circonstances et confiant en la protection de ses Dieux. Mais William lui apportait quelquechose de plus et il se sentait encore plus fort à ses côtés.

Soudain William se rendit compte de la bourde qu'il venait de faire : Il avait inversé les rôles en demandant un rapport à son chef alors que ce dernier, loin d'être obligé de le lui donner, était en droit d'exiger le sien, voire de le punir de ne pas l'avoir fait immédiatement.
Tous deux étaient loin d'être rompus à l'exercice de toute cette politique, avec amusement il considéra les commentaires que les autres clans pouvaient avoir sur les siens, rustres mais efficaces...
Ils avaient tout deux démontré la véracité de ces dires, mais William n'en avait cure.

"Je suis désolé, j'aurais du te faire un rapport de mes activités de la nuit grand frère.
Je me suis rendu sur notre territoire, afin de l'explorer et de prendre contact avec quelques habitants susceptibles de me prévenir si quelque chose de louche s'y passe. Ce n'est qu'un premier pas mais j'espère faire mieux d'ici la fin de la semaine.
J'ai ensuite essayé de trouver l'ancien refuge de notre clan, mais je ne l'ai pas trouvé. Il doit être très bien caché et je n'ai trouvé ici aucune indication, ni même une preuve de son existence.
Enfin cela m'aura au moins permis de découvrir quelques endroits où nous pourrons passer nos journées à l'abri, surtout avec l'ajout de quelques goules canines ou humaines...
Pour ce qui est des tables de négociations, je t'accompagnerai aussi longtemps que tu l'estimeras nécessaire, mais il s'agit maintenant de ton combat... Tu l'as accepté en même temps que la charge de primogène..."

William éclata de rire à ce moment. Bien sur il ne le laisserait pas seul parmi les requins, mais il était persuadé que le Jaguar allait vite faire déchanter certains. Il ne doutait pas de sa férocité future sur les champs de bataille politiques a venir...

Ahuizotl partageait ce moment de fraternité.

C'était étrange mais il n'avait jamais connu cela avant. Depuis qu'il avait appris à marcher, il avait été entrainé à la chasse et au combat. Il est vite devenu chef, de part ses exploits de jeune guerrier. Il était courageux et agile et il aimait chasser ses adversaires plutôt que les affronter directement. Sa technique, bien qu'originale, lui valu de monter très vite au rang de guerrier jaguar et il inspirait le respect des chefs, sans jamais partager de liens fraternel avec qui que ce soit.

Même lorsqu'il fonda sa famille, il crut un instant au bonheur mais son poste ne lui permettait que trop peu de partager ce lien si particulier avec sa famille et sans comprendre encore l'importance de ce lien, il l'avait négligé jusqu'au jour où il était trop tard et il constata qu'ils les avait perdus pour toujours.

Son coeur plein de haine pour ces envahisseurs avait été quelque peu apaisé par sa propre mort. En effet, il découvrit alors, malgré lui, que la Bête lui procurait cette vengeance dont il avait une soif insatiable. Cette soif de sang, pour la renaissance, à l'image de son astre et de cette prophétie annoncée était devenu son nouvel ordre et depuis des siècles maintenant, il avait accepté ce qu'il était devenu. Sa Bête intérieure, bien que source de sa lutte quotidienne, était le seul "être" avec qui le lien de complicité existait et cette Bête si dangereuse était pourtant ce qui l'avait sauvée et qui le tenait en vie. Il n'aimait personne d'autre qu'elle et personne d'autre ne pouvait le comprendre mieux et comprendre sa douleur....

Mais là, face à William qui riait, il sentait que ce que lui apportait son frère était au délà d'un rapport fraternel. C'est comme si sa propre Bête avait découvert et ressenti ce lien. Il ne pouvait pas l'expliquer mais c'est comme si sa Bête aimait elle aussi ce frère qu'il n'avait jamais eu.

Il regarda William, plein de joie, oubliant ses blessures et lui dit calmement.

"Pour l'ancien refuge, je tâcherai de demander aux animaux s'ils se souviennent de quelquechose. Je te donnerai des nouvelles si j'en ai, sois en sûr !"

Ahuizotl se releva. Malgré ses blessures qui ralentissaient ses mouvements, il gardait une certaine aisance à se mouvoir, et il cachait très bien son état de blessure pourtant si avancé. Mais William n'était pas dupe, il voyait très bien les marques sur son torse nu et savait que de telles blessures étaient handicapantes même pour un vieux vampire.

Ahuizotl se voulait rassurant, car il était lui même rassuré, il regarda son frère dans les yeux avec un sourire tendre qu'il ne savait montrer qu'à lui seul.

"William ! Ne t'inquiète pas pour moi mais prends bien garde à toi. Je ne veux pas que tu prennes de risques incensé tout comme tu ne veux pas que j'en prenne de mon côté. Je te propose ceci: Je ne quitte pas le Louvre avant la fin de la nuit et nous ferons nos investigations à deux pour nous epauler l'un l'autre tels deux frères que nous sommes. Du moins, temps que nous ne maitriserons pas parfaitement ce territoire.

Passe donc une bonne nuit et sois là demain pour entendre ce qui aura été dit avec le sénéchal. Nous irons retrouver ma belle Ravnos pour qu'elle nous guide vers nos amis gitans...

Les choses se mettent en place, mais la guerre est pour très bientôt, nous ne devons pas ralentir."

Après cela, il se dirigeait lentement vers la sortie de son bureau.

[vers le bureu du sénéchal si William n'a rien à ajouter]

Lorsque son frère se releva William grimaça à la vue des graves blessures qu'il voyait. Il était passé très prêt de la mort, plus qu'il ne l'avouerait jamais.
Il avait vu beaucoup des siens périr avec des blessures moins graves. Avec un frisson il chassa le souvenir de cette nuit, vingt ans plus tôt les lupins avaient lancé une attaque de grande envergure sur Londres, les pertes avaient été colossales. Il ne fallait pas que ça se reproduise ici, la ville n'y survivrait pas.

"Rejoins moi sur les Quais de Seine, je te montrerais les refuges que j'ai trouvé. Je t'attendrais sur le pont Saint Louis trente minutes avant le lever du jour."

Il souriait encore à Ahuitzotl lorsqu'il réalisa ce que son frère venait de dire. Sa main s'agrippa à la chaise sur laquelle il s'était assis plus tôt.

"Ta belle..... RAVNOS !!?"

Entre ses doigts le dossier de la chaise plia et se brisa... William détourna la tête le temps de se maudire, un autre élément du mobilier qu'il malmenait. Puis il retourna à son frère, le regardant droit dans les yeux d'un air suppliant.

"Dis moi que c'est une plaisanterie ! Dis moi que tu ne frayes pas avec un de ces traîtres, menteurs et tricheurs !!!"

Ahuizotl n'avait pas remarqué les effets que ses dernières paroles avaient eu sur son frère et il constata, surpris, que cela l'avait mis dans une rage folle, même s'il essayait de la contenir au mieux.

Il se retourna puisque, visiblement, la conversation allait devoir se poursuivre un instant encore. Bizarrement, Shanel ne lui avait pas présenté son clan sous le même angle que celui de son frère et il semblait interessant de savoir ce qu'il avait à en dire même si, pour le coup, il savait que les Dieux lui montraient la voie et qu'ils ne pouvaient avoir tort.

"Pourquoi dis tu cela William ? Que sais tu de son clan. Mon Sire ne m'en a jamais parlé et j'ignore tout d'eux. Je sais juste que Shanel est annoncée par la prophétie et qu'elle a un rôle à jouer pour sauver le monde, tout comme moi.

Asseyons nous encore un instant veux tu et raconte moi cette histoire que je comprenne mieux ta colère."

Ahuizotl se voulait rassurant mais il devait comprendre pourquoi William était à se point déstabilisé. Son malaise semblait profond et il n'aimait pas le voir dans cet état. Se pouvait il qu'il ait commis une traitrise indigne de son Clan pour avoir à supporter un tel regard de la part de son frère ?

Constatant l'air navré de son frère William se calma aussitôt. Il ne savait rien de la rivalité ancestrale des deux clans. Il avait à peine été éduqué par son sire...
Il s'assit à terre, face à Ahuitzotl et rassembla ses pensées avant de tenter d'expliquer les raisons.

"De ce qu'on m'en a dit, les deux fondatrices de nos clans étaient soeurs. Soeurs et rivales, si bien qu'au bout d'un moment elles en vinrent à s'affronter. Ennoïa, notre fondatrice perdit par la traitrise de deux de ses infants, détournés à la cause de leur fondatrice par des mensonges.
Depuis une rivalité s'est instaurée entre nos clans, les Ravnos ont hérités des traits de leur fondatrice et mentent, trahissent et se jouent de nos à la moindre occasion.
Plus grave encore, ils étreignent souvent parmi les roms, ceux là même que nous nous sommes jurés de protéger. Je n'ai jamais eu de bons rapports avec eux, et même si ma haine a été dictée par mon éducation, jamais un d'entre eux n'a cherché à me démontrer le contraire...
Si tu choisis de te lier d'amitié avec un d'entre eux, fais attention à toi. A la première occasion ils chercheront à te rouler. Le pire est que je pense qu'ils n'y peuvent rien, la malédiction de leur clan les forcent à agir ainsi.."

Après l'aveu détestable qu'il venait de faire William s'agita.

"Mais pas un ne cherche à aller à l'encontre de leur détestable nature ! Ils se complaisent dans leur vice !!!"

Ahuizotl avait l'air songeur en repensant à l'image du clan Ravnos que lui dépeignait son frère. Un doute l'envahit soudain sur sa vision.

L'arrivée de la chevelure rousse, annonciatrice du renouveau fut à l'origine de l'extinction de sa civilisation avec la venue de ce Cortez. Se pouvait il que Shanel soit encore un leurre ? Non impossible ! Il avait eu une vision très nette pourtant. Sans elle, l'humanité allait périr et la Terre entière serait couverte de sang et de ténèbres.

Le Gangrel ne pouvait pas croire que les Dieux pouvaient l'induire en erreur, surtout après la vision qu'il venait d'avoir il n'y avait pas plus d'une heure. William ne pouvait pas se tromper non plus sur la nature d'un clan, il en était sûr. Il devait prendre en compte ces deux éléments et ne jamais les perdre de vue, ni l'un, ni l'autre.

Il tourna le dos à son frère, reflechissant encore et toujours. Il fit les cents pas de cette manière durant quelques minutes sans dire un seul mot. Il devait trouver la bonne décision sans se permettre une seule erreur.

Il finit par revenir devant William, l'air inquiet mais décidé.

"Si tu dis vrai, et je n'en doute pas, je vais me méfier de Shanel et ne croire aucun de ses artifices, je t'en fais la promesse. Mais les Dieux sont formels et je dois lutter pour la survie de cette Terre. Shanel doit être le guide vers le renouveau et je dois aussi écouter la prophétie sinon, pourquoi serais je ici ? Je vais redoubler de vigilance pour ne pas être trahi car c'est malheureusement arrivé une fois et mon peuple n'existe plus désormais. Hum ... une fois de plus mon frère, tes conseils me sauvent. Ha ! ha ! William, le sage. Pourquoi les Dieux ne m'ont ils pas encore parlé de toi ? En tous cas, nous irons voir les roms ensemble et nous verrons s'ils ont des histoires à nous conter sur Shanel ou sur la fin du monde. En attendant, promets moi que tu lui accorderas le bénéfice du doute aussi longtemps que nous n'auront pas de preuve d'une quelconque trahison."

Lorsque ahuitzotl l'appela William le sage, il fut saisi d'un doute affreux. Et si, pensant bien faire, il l'enduisait en erreur?
Il fallait qu'il en sache plus sur cette histoire de prophéties..

"Il faudra que tu me conte ces prophéties, mais pas maintenant. Tant que la nuit est la agissons.
Va voir ce sénéchal pendant que je cherche un refuge.
Je t'attendrai sous le pont St. Louis.
Concernant cette Shanel..."

William eut un reniflement dédaigneux.

"... Je n'agirais contre elle que si la situation l'exige. Elle a été acceptée par la reine et même si ça me coûte je me dois de le respecter..."

William se leva et sortit du bureau.Vers les quais de Seine

Ahuizotl regarda partir William. Il espérait ne pas avoir trahi sa confiance mais il devait se rendre à l'évidence, il ne l'avait pas rassuré et c'était son plus grand echec de la nuit.

Il ne pouvait pas comprendre, il était d'une autre civilisation et ces Dieux Azteques n'existaient pas à ses yeux. Comment pouvait il comprendre une croyance oubliée depuis 6 siècles ?

Il n'aurait jamais dû parler de cette prophétie, même à son frère. Il savait que cela lui attirerait les foudres des caïnites de Paris ou au mieux, l'incompréhension et le rejet par ses pairs.

Il s'approcha de son bureau, contempla son travail et la folie de sa tâche. Il eut un court instant l'envie de tout envoyer valser et de ne plus entendre parler de nouveau cycle ou de Camarilla pour partir loin d'ici. Il se retint toutefois, repensant à cette dernière vision.

C'était son destin et il ne pouvait malheureusement pas y echapper puisque personne d'autre que lui ne pouvait sauver cette Terre. Pourquoi devait il porter ce fardeau ? Et surtout, pourquoi devait il le porter seul ? Personne ne pouvait le comprendre .... irrémédiablement ....



[il sortit d'un pas lent vers le petit salon]

Ahuizotl avait traversé quelques couloirs avant d'arriver dans son bureau. Il se surprit à relativiser ce qui venait de se passer.

*Si les relations doivent s'améliorer avec Raphaël, c'est plutôt une bonne chose. Heureusement que j'ai eu la force d'aller jusqu'au bout. Je me remettrai de tout, comme d'habitude...*

Il s'assit à son bureau pour griffonner les quelques evenements qui venaient de se produire.

Il trouvait que ces ecrits étaient incohérents et comprit qu'avoir bu du sang de ce Dieu incarné qu'était le Giovanni avait modifié son comportement. Mais peu importe, il était son ami maintenant et c'était beaucoup mieux ainsi ...

Il griffonna aussi le symbole de ce cadeau que lui avait fait le sénéchal : Le Klaive.

Ce symbole posé sur la carte au niveau de la courneuve avec le quartier de lune qui correspondait à ... demain ...

Mais cette nuit n'était pas finie; Il se leva et regarda par la fenêtre, le ciel était si beau ce soir. Perdu dans les étoiles à chercher les étoiles qu'il connaissait jadis, il reprenait ses marques ...

"Shanel ! Où te caches tu ? ..."