Kildare pénétra dans le  bureau du primogène et  regarda  la décoration, ce n'était pas trop le  genre de Jacques  si ça se trouvait. Elle avait l'impression d'observer un loup apprivoisé par  l'homme qui aurait quelque peu perdu son instinct  sauvage  des  grands espaces. Il avait  des  bonnes  manières de ventrue, ce qui persuadait Kildare  que son sire s'était trompé sur lui en l'étreignant. Mais  elle n'en disait  rien, elle attendait de voir si les apparences  étaient  vraiment  ce qu'il était. Après tout, l'habit ne fait pas le moine  comme disaient les  français férus de proverbes.

Elle regarda la chaise qu'il avait  tirée à son intention et  y posa  son casque, préférant rester  debout, elle avait passé suffisamment  d'heures assises  avec un gros engin entre ses  cuisses. Elle aimait  bien sa nouvelle moto mais elle  n'était pas habituée à conduire  sur  les  routes françaises  qui étaient affreusement sinueuses comparé aux routes américaines. Elle avait  bien entendu  plus  souvent été  à pied  dans les montagnes que sur sa moto, mais elle avait eu l'occasion de  faire quelques virées nocturnes. 

Elle  commença  à ouvrir  son sac à dos  et  en sortit les  bijoux de sa belle-soeur ainsi que les alliances  du couple défunt.

Elle  sortit un sac en tissu qui contenait  vraisemblablement  les  dents de celui-ci. 

Elle  rangea  le  tout dans son sac et  regarda Jacques.

Elle posa  le sac  à terre  et posa  les  mains sur  ses hanches, le  blouson ouvert  dévoilait  un t-shirt noir déchiré  par  endroits. On pouvait  deviner  que  ça n'avait pas  été  une  partie de plaisir. On pouvait même apercevoir un bout de  soutien-gorge  rouge à travers  une  déchirure. Si on prêtait plus attention à son pantalon, on pouvait remarquer que les  genoux étaient assez abîmés au niveau du tissu et  un côté  de la cuisse gauche était éraflé  comme si on l'avait traînée  sur le sol.

Elle ne savait pas si  Jacques allait  coopérer mais elle savait un truc, s'il était  aussi délicat qu'elle le pensait, il ne serait pas  trop emballé à la perspective d'une  vendetta entre les  camaristes et les  sabbats. Toutefois l'américaine  réclamait  justice et  voulait la tête de celui qui avait  semé  la mort  dans sa famille pour son plaisir et  par appât du gain.

Etonnée, Kildare entendit son primogène  lui souhaiter  à nouveau la bienvenue et lui citer des  règles de chasse qu'elle connaissait déjà. Il entra  enfin dans le vif du sujet et la renseigna. La mine  de la gangrel s'assombrissait  au fur et à mesure qu'il lui dépeignait le tableau du sabbat parisien et des accords politiques passés dernièrement.  Déjà qu'elle en avait chié  avec un sabbat  isolé plutôt  baraqué, elle l'avait  maîtrisé  non sans mal puis  torturé. Alors une bande de sabbats dans leur propre  fief qui avait failli  faire trépasser définitivement  Ahuizotl, c'était  toute une gageure.  Elle  inclina  la tête à la  fin de ses  explications et  fut soulagée que  le primogène  ne lui interdise pas la vengance mais  lui demandait  de l'intelligence et de la prudence en l'accomplissant. Et qu'il accorderait  son histoire avec la sienne devant le prince le cas échéant.

Elle  voulait  savoir  si elle allait devoir combattre  sur deux fronts pour les nuits à venir.

Kildare sentait qu'il la jaugeait, du moins il tentait peut-être de la cerner à son regard, elle était pourtant franche et honnête. Sa réponse qui vint enfin amena un air intrigué sur le visage de Kildare. Inconsciemment, elle inclina la tête comme le ferait un loup intrigué par une chose bizarre et inconnue puis elle redressa la tête l'expression toujours intriguée sur ses traits. Il lui proposa de rejoindre le petit salon avec lui si elle n'avait pas d'autres questions. Elle en lâcha une avant de reprendre son casque et son sac à dos où elle remit tout ce qu'elle avait sorti.

La  bouche de Kildare eut un pli de dépit, le primogène était ferme là dessus, le prince avait un accord avec les sabbats même si le Baali était neutralisé. Elle se sentait  frustrée et savait que si elle  voulait la tête du meurtrier de sa famille, ça allait être long, compliqué et il fallait la jouer  fine. 

Elle inclina la tête et  fit demi-tour pour  descendre au salon.

Vers le petit salon