"Je ne suis pas si nerveuse."

Marina avait répondu du tac au tac et avait bien failli le couper avant qu'il n'ait fini. C'en était presque brutal tant ça avait été dit rapidement. Elle s'enfonça un peu plus dans son assise en grimaçant, parvenant à construire un "Pardon" toussoté. Nerveuse, oui. Qu'on le lui dise, non. Pas trop, en tout cas.
Par réflexe, lorsque d'Arcy s'était penché, la Caïnite s'était -presque- imperceptiblement éloignée. Autant que son siège le lui permettait, quoi.

Ses yeux descendirent sur les mains du Gardien, comme si elle préférait les surveiller. Admettons que le port des gants, dans un bureau aussi prestigieux, ressemblait plus à un acte chirurgical qu'à un phénomène de mode. Oh oui, comme le doux sourire de Monsieur impeccable au-dessus de ses victimes lui paraissait facile à imaginer. A la Dexter.

"Je n'imaginais pas que toutes ces...hm, promotions, avaient eu lieu en si peu de temps. Les têtes tombent vite, ou...?"

Le mot avait été soigneusement choisi; encore une question de point de vue. Elle embellissait mal les choses et ne s'en cachait pas.
Bien plus que l'annonce de la mort d'Isabault, c'était un réel choc. Ainsi donc Paris était vraiment une ville mouvementée pour la Camarilla. Elle avait imaginé toutes sortes de choses, toutes sortes de troubles. Le bordel de la Russie, qui n'était, dans le fond, qu'un pays trop étendu, semblait plus organisé que la seule capitale de France. Et encore, elle n'en connaissait qu'un dixième. Un centième ? Passons.

"Monsieur d'Arcy...Puisque je n'ai rien à craindre, ici, avec vous, je dois craindre qui, au juste ?"

Elle gardait les yeux rivés sur les mains du Gardien alors que les siennes étaient croisées sur son buste. Ses doigts pianotaient sur le haut de son bras. Elle se détendait, progressivement.

Une moue d'enfant trop gâtée, insatisfaite, déforma le visage de Marina. Ses lèvres étaient à moitié pincées et ses yeux plissés. Pour le coup, elle avait totalement lâché les mains de d'Arcy des yeux pour se concentrer ces traits et ces lèvres qui ne cessaient de rire. Elle se racla la gorge, comme pour lui rappeler qu'elle était là et qu'elle ne trouvait pas ça franchement drôle. Point positif, elle s'était redressée et avait posé les bras sur le bureau du Gardien, oubliant passablement sa nervosité. Ce n'était peut-être pas de la moquerie pour lui mais elle le percevait comme tel.

"Je ne vous crois pas, de toute façon."

Marmonné entre une mâchoire serrée, à peine compréhensible. Elle aurait articulé un "na" que l'effet aurait sans doute été le même. Et pourtant, l'ombre naissante, juste l'ombre, d'un sourire au coin de ses lèvres.

Elle ne changea pas de position pour accompagner le mouvement du Gardien et le laissa donc approcher. Adieu les gants, énervons-nous sur les lunettes. Si elle n'avait pas bougé et était à son aise, elle tenta d'imiter le sérieux de d'Arcy.

"Mon Sire s'est chargé de me laisser les journaux des Harpies. J'ai pu les survoler sur le chemin depuis l'aéroport." dut-elle admettre lorsqu'il termina son résumé de la situation.

Il semblait particulièrement intègre et prenait son rôle de Gardien à coeur. A en voir les seules émotions franches que d'Arcy laissait passer, ça ne concernait que la "Très Sainte Camarilla". Un poil pompeux, mais respectable. Elle ne pouvait qu'approuver pour les Ventrue, elle le savait, même si ses propres aspirations étaient encore autres.

"Tout ça, c'est du classique...Enfin quoi, il n'y a rien de nouveau, dans tout ça. Je sais ce qu'implique le Sang et je suis là, maintenant. Quoi qu'il arrive, je suppose que j'ajoute un engrenage quelque part. Je suis sûre que mon Sire, notre Primogène, saura faire bon usage de tout ce que je sais."

Elle se leva et fit un geste de la main vers le reste du bureau, comme pour demander la permission d'aller observer la richesse de plus près. Mais avant de bouger, elle adopta un air songeur. Elle tentait de garder en mémoire ce que lui apprenait le gardien au fur et à mesure de leur conversation et s'y perdait parfois. Des choses tiquaient seulement plus que d'autres. Elle y voyait un ordre logique, concernant son Sire et personne d'autre. Il lui était difficile d'imaginer le destin d'un autre. Mélangeons cela avec ce qu'elle avait lu dans les Chroniques et obtenons de jolies salades. Entre Stanislas et Boniface; outre la rime, les récents changements de postes ne paraissaient pas limpides.

"Monsieur d'Arcy...? C'est quoi le soucis avec la Sénéchale ? Comment est-elle arrivée là ? C'est ce qui attend mon Sire si sa tête tombe à elle aussi ?"

L'ouverture de la porte de son bureau lui fit quitter du regard son interlocutrice prêt à foudroyer sur place l'importun qui avait osé. Apercevant la Justicar, il bondit sur ses pieds pour se retrouver debout tellement brusquement que son fauteuil en fût déstabilisé, tombant au sol. Il était droit, raide comme un piquet, au garde à vous, incapable de s'agenouiller, pétrifié par la surprise.

« Je, euh…oui bien sûr votre Excellence, tout de suite votre Excellence. »

Il contournait déjà son bureau, laissant son fauteuil au sol, ne prêtant déjà plus attention à son interlocutrice précédente.

« Après vous, votre Excellence… » dit-il en lui ouvrant la porte, se courbant, l'invitant d'un geste de la main à le précéder pour quitter son bureau.

Il traversa le vestibule comme si Constance n'avait pas été là, se livrant au même manège pour la porte menant au couloir.

[Sortie vers la salle de réunion du Primogène]

"Une dernière question, oui...Ou plutôt une requête, qui a semblé importante aux yeux de mon Sire."

Marina avait seulement pu commencer sa phrase avant que tout ne s'accélère sous son nez. La première petite interruption était passée comme une lettre à la poste; une simple fourmi dans une fourmilière. Elle avait profité du calme apparent pour formuler sa dernière demande. Malheur non, qu'il ne la congédie pas avant de l'avoir entendue.

Mieux qu'un congé, mieux qu'une disparition, une incartade toute en joie, bien décorée. Et quelle décoration. La jeune Ventrue s'était figée et y avait concentré tout son potentiel. Ses yeux s'étaient automatiquement vissés sur la nouvelle arrivante, qu'elle comprit à peine, qu'elle n'entendit que vaguement. Elle inclina la tête et cilla aux termes employés par d'Arcy mais se garda de tout commentaire. Evidemment.

Le Gardien et son Excellence avaient quitté les lieux, laissant le temps à Marina de retrouver un semblant de moyen. Ses pensées formaient un tel foutoir qu'elle avait l'impression que sa tête allait exploser.
Déjà debout, elle dut s'appuyer sur le rebord du bureau pour ne pas vaciller, nauséeuse.

De la même manière que tout le monde, elle quitta les lieux avec empressement, n'oubliant pas ses affaires au passage, et se rendant jusqu'au salon. Seul endroit qui lui était connu.

[Vers Le Petit Salon]

[en route vers la salle de réunion]

Il avait indiqué d'une main quelque peu tremblante la direction dans laquelle Guil devait se diriger.

« C'est un honneur pour moi que de pouvoir servir notre Très Sainte Camarilla votre Excellence. La situation depuis mon arrivée n'est malheureusement pas des plus florissantes, même si nous y travaillons d'arrache-pied. J'avoue qu'il est fort peu commun de croiser un Archonte, mais avoir l'honneur de croiser par deux fois les pas d'un Justicar en si peu de temps n'est pas pour me rassurer…non pas que j'ai quoi que ce soit à me reprocher mais…euh…vous m'avez compris…oserais-je vous demander la raison de votre venue ? »

D'Arcy marchait d'un pas rapide, n'osant pas lever le regard vers Madame Guil. Le son de sa voix, habituellement clair, était clairement tendu malgré ses tentatives inutiles d'enrober le tout sous de bonnes manières.

[Sorie vers la réunion des Primogènes]

[Arrive: parking du Louvre.]

Gallus se présenta à la secrétaire, malgré les circonstances, il offrit un sourire à la femme.

-"Bonsoir mademoiselle, pourriez vous informer le Gardien que Gallus Sollers est là s'il vous plait?"

Il resta debout, droit, mains dans le dos tel un soldat en attente.

-"Merci mademoiselle."
Il salua le gardien en entrant, puis l'écouta attentivement.
S'asseyant comme demandé, il prit la parole après son hôte.

-"Parfait, je vais donner mes ordres à ce sujet. par contre je fus forcé de constater à plusieurs reprises l'usage de disciplines au sein de notre Elyseum. Si nous sommes entourés de personnes incapables de suivre les règles il vas, je le crains, falloir les imposer.

Ce ne sera pas de gaitée de coeur, j'en convient, mais je pense qu'il faudrait demander aux usurp... Aux sorciers d’empêcher l'usage des disciplines et de protéger notre lieu saint des esprits.

Ce lieu n'a déjà que trop souffert du chaos, et je vous remercie de vos efforts pour y amener un peut d'ordre. Bien des jeunes ne semblent pas se rendre compte qu'une guerre demande un minimum de rigueur.

Quel que soit votre choix à ce sujet , je l’appuierais, soyez en certain.

Je ne vous cacherais pas que la coterie de combat compte un nombre non négligeable de Sollers. Vous souhaitez que je vous donne les noms de ceux qui seront autorisé à porter les armes? Ainsi vous conservez un droit de véto."

Gallus se passa la main sur le menton.

-"Bientôt il y auras un nouveau prince, je vous avoue que j’espère celui-ci taillé pour la guerre. Il serait bon d'avoir page blanche à son arrivée à mon avis, il y auras fort à faire.

Lui fournir un Elyseum sécurisé comme vous êtes en train de le monter est plus que bienvenu."

Il sorti un carnet qu'il ouvrit.

-"Certains membres de la coterie de combat n'ont pas encore été recruté, mais voici déjà une liste des premiers.

Bastien de La Tour, même s'il lui arrive d’être assez désinvolte, il est efficace et a toute ma confiance. Il est dernièrement devenu Bourgmestre, mais il sera présent si on lui demande de veiller à la sécurité du Louvre.

Fleur de Rochefort, une forte tête, pas forcement toujours en accord avec l'autorité mais qui a déjà prouvé sa valeur.

Maya Sollers, elle n'est pas encore au fait de l'étiquette mais comprend cependant les enjeux politiques, elle est à la fois une traqueuse redoutable et une vigile difficile à passer, malgré sa cécité. Mais il me semble que le clan Gangrel soit appelé ailleur cette nuit.

Kalista, ma petite infante, bien qu'encore jeune, elle est toute voué à la Cammarilla.

Celle qui suit doit encore être contacté, je n'ai malheureusement pas eut le temps de lui faire ma demande pour la coterie.

Nadia Nietzulescu, une sorcière avec une tête bien pleine qui semble posséder des cartes intéressantes.

Voila ce qui en est de cette coterie, bien naturellement j'en fait moi même parti.

J'avait pour intention de réunir les Brujah, afin d'organiser une élection de primogéne en bonne et due forme, ainsi que pour repérer de nouveaux combattants. Cependant la sécurité de notre lieu sacré est plus importante, aussi je puis rester ici le reste de la nuit pour cela.

Sans oublier la menace de ce Mathusalem récemment libéré de nos sous-sol, mais la je réunirait les Sollers pour son cas vu qu'il tombe dans la catégorie des infernaliste, c'est là un travail pour l'Ordre."

Il avait fait signe au Gardien de procéder lors de l’interruption, il n'en prit pas ombrage.
Quand ce fut terminé, il repris.

-"En ce qui concerne Maya, je n'y voit aucun inconvénient, bien au contraire, je vous en remercierait.
En ce qui Concerne mademoiselle Nietsulecu, je ne pense pas qu'elle sache manier d'arme, elle m'a par contre prouvé sa valeur et sa retenue lors des événements des sous sols.

En ce qui concerne les armes, une majorité ont les leurs en effet et si tout se passe bien, ma véritable épée me sera livrée dans les prochaines nuits. Je dispose en attendant d'une lame qui m'avait été offerte par la goule de l'ancienne gardienne.

Une bonne lame mais qui ne supporterais pas que j'use de toute ma force, j'en ais bien peur.

Et en ce qui concerne ce Boubanos, de mes sources c'est un infant de Moloch, disposant à son arsenal d'une discipline de celle normalement réservée aux Lassombras.

Il vas certainement tenter de récupérer l’artefact que les ...sorciers ont actuellement sous leur garde. Mais il va d'abord devoir s'acclimater à cette époque et certainement rassembler des troupes.
Dés que j'en serait plus à son sujet, vous en serez informé, cet être représente une véritable menace et pas uniquement à cause de sa puissance personnelle."

Il se passa la main sur le menton, visiblement plongé dans ses pensées.

-"L'ordre des Sollers fut crée à la fin de la troisième croisade, en même temps et aux même lieu que l'Ordre de la croix noire.
Son but premier est de juguler la menace des Baali et des infernalistes.

Boubanos est non seulement un infant direct de moloch et qu'on y crois ou non, il serait en relation directe avec un seigneur infernal.
Ce cainite était déjà considéré comme une divinité par les Assyriens à l'époque de Babylone, les infernalistes Raphaël et Gabriel étaient ici dans le but de le libérer.

Il est fort à parier que tout infernalistes ayant vent de son retour s’uniront sous sa bannière et je n'ose imaginer les dégats que pourrait déjà causer cet etre, alors s'il venait à optenir l'artefact dont les Tremeres ont actuellement la charge, nous courons à la catastrophe.

De mon point de vu, la menace est plus grande encore que celle générée par le Sabbat.
La seule bonne nouvelle, est que les dirigeants du Sabbat eux même combattent les infernalistes, il possèdent même une inquisition dans ce but. Donc si les bonnes informations sont passées à l'enemis, nous n'auront pas deux front ouverts en même temps."