La gargouille le toisa légèrement, toujours sans méchanceté, puis redressa la tête dans un mouvement assez mécanique. Avec une fluidité toujours surprenante pour son physique il se digira contre le mur, se planquant contre celui ci.

- Le Régent est à cette adresse. Utilisez ça pour passer. Cachez le dans votre veste pour être vue par les bonnes personnes sans se faire voir des mauvaises...

Sur cette dernière phrase, il lui tendit un bouton de rose noire, et sembla se fondre dans le décor de la Chanterie pour y devenir un simple élément de décoration, le bouton de rose dans sa main ouverte et tendue.

Un...un bouton de rose noire ? Faut-il voir dans ce signe une quelconque allusion au clan Toréador ? Hum...il en saura plus une fois sur place. 
Sebastian se saisit du petit objet et le glisse dans une poche intérieure, qu'il referme précautionneusement. Le lieu que la gargouille pétrifiée lui a indiqué serait-il autorisé aux mortels, pour qu'un tel subterfuge soit utilisé ? Certainement. 

*Heureusement, je n'ai guère d'efforts à faire pour ressembler à un humain*

Et la complicité de la nuit ne saurait que l'aider à dissimuler sa véritable nature. Il incline rapidement la tête en direction de la créature en signe d'au revoir, puis ressort de la chantrie d'un pas assuré et léger. Il rejoint alors la place de la République où il se trouve un taxi, qui l'emmène à l'adresse que la goule lui a fournie. 

HRP=> Direction Devant l'antichambre

La gargouille répondit d'un signe de tête et déclara d'une voix nazillarde.


- le régent est dans son bureau il vous attend avec les autres apprentis.

Annabelle, pour son entourage a toujours été perçue comme une personne courageuse, implacable, déterminée...
En vrai, pas du tout.
Ce qui donne cette impression, c'est qu'elle a énormément de mal à extérioriser ses sentiments, au point, parfois de présenter une attitude, un langage corporel très différent de ce qu'elle devrait, ou du moins voudrait.


Le décors sinistre d'un jardin abandonnée à la nuit et aux vers, provoquait chez elle une terreur absurde, d'autant plus effroyable qu'Annabelle ne comprenait pas pourquoi ses compagnons ne semblaient pas affecter par un tel spectacle.
Les arbres morts, les racines noueuses, l'herbe folle, les grilles endommagées, le manoir croulant, ressemblant par ses fenêtres et sa porte au visage déformé et malsain d'un ogre gigantesque prêt à l'avaler... tout lui paraissait hostile et inquiétant. Elle était Cassandre parmi les troyens, seule à pressentir la catastrophe. Personne ne la croirait. Pire encore, ils penseraient qu'elle est peureuse.


Mais elle est peureuse...


Elle suivit de très près Rozenmilna, réussissant à être suffisamment prête pour lui souffler discrètement avec un timbre de voix étonnement calme et posé pour une personne angoissée.

• mademoiselle... cet endroit … ne m'inspire pas... confiance... je … on devrait s'en aller...
  

Mêlant le geste à la parole, comme une réponse malveillante à toutes ses craintes, Annabelle trébuchant sur une racine aérienne, qu'elle prit, et c'est peut être le cas, pour une main glaciale prête à l'entrainer vers les abimes sous terrains d'un enfer froid et solitaire.
Par chance, Viktor était en état d'alerte, et réussit, in extrémis à rattraper la malheureuse avant qu'elle ne s'affala de tout son long.


La réaction d'Annabelle face à cette agression fut peu spectaculaire. Elle remercia Viktor pour son geste élégant, mais se désengagea vite de son bras sauveur. Aucun cri, aucune surprise, elle restait égale à la statue d'elle même.
Toutefois lorsque personne ne la regardait, ou qu'elle croyait ne pas être vue, elle se retourna vers l'arbre responsable de cet accrochage et le menaça gestuellement de représailles. On pourrait trouver son comportement infantile, voir étrange... mais elle était morte et elle bougeait encore. Croire qu'un arbre puisse être maléfique dans ces circonstance n'était pas si intellectuellement difficile à accepter.


Il aura fallu, sans doute beaucoup de courage, ou de sollicitude, pour permettre à Annabelle de continuer son chemin. Heureusement son grand manteau, qui cachait son corps frêle, dissimulait en même temps les frissons d'effroi de la jeune femme.


L'intérieur du manoir était bien différent de ce qu'il paraissait depuis l'extérieur. Charmant, éclairé, confortable. Telle une enfant, elle chassa en un instant son angoisse, pour recouvrir sa confiance.


Rozenmilna évoquait alors des pièces interdites, des possibles ennemis caché ça et là. Il fallait rester vigilante, bien qu'accueillant, l'endroit semblait potentiellement dangereux. Elle était le garde du corps de Rozenmilna et ce titre la dépersonnalisait totalement. Elle ne pensait plus à elle, à ses peurs, mais uniquement à la sécurité de sa primogène.
Et quelle meilleure défense que la fuite ?

• Mademoiselle, dit-elle tout bas, on devrait vraiment s'en aller...
  

Morgan ressentit presque la réaction de la fondation avant les autres... La fondation manifestait évidemment son mécontentement... La fondation ou autre chose? Il commençait à en douter maintenant.

Il profita de la facilité qu'il avait à user de ses pouvoirs à l'intérieur de celle ci pour s'adresser à tous via à la télépathie.


"C'est typique des réactions que l'on a depuis quelques temps... Surtout depuis les disparitions. Comme si notre fondation avait une maladie."

La télépathie. Morgan avait usé de son pouvoir mais il avait omis de les prévenir.
Dur de faire un retour en arrière. Victor avait sans doute compris avec la remarque de Rozen sur sa question.

- Non pour tout vous dire, non, ce n'est pas la même voix... Celle là... Est... D'outre tombe, comme si elle n'avait pas de timbre.

Il regarda Rozen et son "assistante" de luxe.


- Désolé pour la télépathie, j'aurais du vous en parler avant... J'ai comme dirait l'autre, franchi un pallier à force de méditation et de travail... Et là je suis aidé par le fait que nous nous trouvions dans notre fondation.

-Monsieur, je pense que c'est nous que la chantrie désigne comme les "Traitres au sang", lâche subitement Sebastian d'un air grave et un tantinet inquiet, tout en jetant un coup d’œil vers Morgan puis vers Victor, occultant totalement les deux femmes.

Jusqu'à maintenant, le sorcier avait tenu sa langue, retrouvant le mutisme d'antan, singeant la garde du corps de la primogène Ventrue pour faire tacitement office de protecteur des trémères. Morgan les avait prévenus un peu avant, Victor et lui, de cette visite. L'idée avait fortement déplu à Seb, car les trémères sont très conditionnés à garder jalousement leurs secrets, et il n'échappe pas à la règle. C'est comme un malaise soudain qui s'était emparé de lui à l'idée que des étrangers viennent mettre leur nez dans leurs affaires. Mais il a préféré ne rien dire, car cela n'aurait pas été constructif que de s'y opposer alors que la machine était déjà en marche ! Et puis...malgré sa récente arrivée, une certaine confiance et dévotion envers Morgan lui est apparue.

Cependant, la réaction de la chantrie et l'intrusion forcée dans son esprit le chamboulent profondément. Dans un premier temps, Sebastian a pensé que c'est la Gargouille qui, se posant un peu lourdement quelque part, a fait trembler le sol et les murs avant de proclamer son ressentiment. Mais pour l'avoir déjà rencontrée, et déjà entendue parler, le sorcier sait qu'il ne s'agit pas d'elle. 
Cette intervention inattendue et brutale le rappelle donc aussitôt à ses engagements envers le clan et confirme ses doutes sur la mauvaise idée que de faire visiter le refuge à des non-sorciers. Les lois du clan trémère interdisent formellement l'accès des fondations à des vampires d'autres clans, et ce sans exception -du moins, de ce qu'il en sait...-.

Morgan les a alors rassurés, ses paroles psychiques penchant pour un problème venant de la chantrie même, qui serait corrompue voire "malade". Seb sait qu'une fondation est bourrée d'enchantements divers et variés, mais de là a considérer qu'elle est vivante...! Ca, il ne s'y attendait pas. Et a partir d'aujourd'hui, il ne verrait plus les chantries de la même manière...De fait, une certaine inquiétude monte en lui à l'idée de se retrouver dans un pseudo film d'horreur où le petit groupe se retrouverait piégé dans le bâtiment, tentant de fuir pour survivre, chaque individu se faisant happer l'un après l'autre par la fureur destructrice et vengeresse de l'esprit de la fondation, façonné par les anciennes lois du clan, beaucoup plus strictes que leurs adaptations contemporaines -et qui parfois n'en n'ont tout simplement pas, restées inchangées-.

Conscient que son intervention inopinée a attiré l'attention sur lui, Sebastian se sent obligé de préciser le fil de sa pensée aux autres, et surtout aux "invités":

-Notre refuge dans cette ville est ancien. Si ce n'est de corps, c'est d'âme. Dans les temps jadis, il était plus qu'interdit de faire entrer des caïnites d'autres clans que le notre dans une fondation, quelle qu'elle soit.

A ce moment, il se rend compte qu'il dévoile peut-être un peu trop de choses sur le clan, des choses qui pourraient de surcroît être mal interprétées et utilisées contre eux. Il ajoute alors un joli mensonge qu'il sait que Morgan saura reconnaître sans problème :

-Quand j'étais encore un jeune néonate, mon sire m'a expliqué que cette interdiction avait été levée lorsque notre clan s'est joint à la Camarilla, en signe de bonne foi, même si je pense qu'encore aujourd'hui vous faites partie de quelques rares "chanceux", mesdames. 

Il marque un instant de pause, cherchant une suite claire et concise, car il a tendance à s'éparpiller lorsqu'il se lance dans des explications, et termine son intervention:

-Si ce n'est de corps, l'âme de notre chantrie est indéniablement très vieille, comme la plupart de ses dirigeants passés, j'imagine. Peut-être ont-ils jugé bon de se moquer de l'ouverture de notre clan aux autres lors de la création de la Camarilla, et que d'anciens enchantements sont encore actifs alors qu'ils auraient dû être abolis.

S'ensuit un rapide regard vers le régent pour juger de sa réaction face aux paroles de l'apprenti sorcier.

Bien, bien, bien, bien, bieeeeen...




Une maison qui parle, des voix dans ma tête... tout va bien... on ne panique pas... on est pas chez nous... on ne met le feu à rien... on reste calme et positive...


Annabelle n'était pas à proprement parler une génie. Sa réflexion simple démarrait lentement et n'allait que rarement très loin. Toutefois dans ce genre de situations, où s'enchainaient des événements étranges et, soyons honnêtes, un brin angoissante, le fait de ne pas tout comprendre lui permettait de ne pas avoir vraiment peur.


Lorsque l'une des personnes assemblée se mit à parler directement dans sa tête, il lui fallu un moment pour comprendre ce qui arrivait. En fait, il fallut qu'on lui explique. Annabelle se retourna vers Rozenmilna, retirant ses lunettes pour permettre à cette dernière de comprendre le regard particulièrement dubitatif de la jeune Ventrue.
Monsieur De Lestrain était à … deux bon mètres, pourquoi diable se servir d'un pouvoir, toujours fatigant, alors qu'elles étaient à portée de voix.
Annabelle savait elle même qu'elle était sotte. Aussi, envisagea-t-elle immédiatement que c'était logique et que c'était elle qui ne comprenait pas.


Puis un lapin sortit de son chapeau. Qui était-il ? Que faisait-il là ? Il l'avait l'air d'un autochtone. Ignorant jusqu'à son nom, Annabelle se permit de ne pas lui répondre, d'autant plus que ses propos étaient décousus et confus... Ou que probablement elle ne les comprenait pas.


Restait à encaisser le fait que la maison parlait... là, il n'y avait pas grand chose à faire, puisque sa première réflexion, sa première réponse avait été , in peto, rejetée puisqu'elle n'était qu'une invitée. Mais il n'y a rien qu'un peu de violence et deux jerrican d'essence ne puisse régler...


Annabelle avait des tas de questions à poser, à Rozenmilna, à Monsieur de Lestrain, mais elle eu l'intuition que ce n'était ni le lieu ni le moment. Désirant apr dessus tout ne pas embarrasser sa primogène, elle te tint coite.
Toutefois, par mesure d prudence, après avoir remis ses lunettes, elle mit ses mains dans ses grandes poches de son manteau, enserrant avec fermeté ses deux pistolet.


Être discrète n'empêche pas d'être prête.

Un peu surprise par la fougue de sa primogène, Annabelle mit une seconde à la suivre, se demandant ce qui se passait. Mais Là où va Rozenmilna, Annabelle va...
… dans la maison...
…
… garde du corps est un sacerdoce...


Elle n'oublie pas, toutefois, passant devant Viktor de lui offrir un timide sourire pour le remercier de tout à l'heure. Enfin, c'est probablement lui qu'il faut remercier... elle espère du moins... sinon, elle risque de passer pour une aguicheuse.

Morgan écouta les paroles de Sébastian qui en disait beaucoup trop selon son goût. La maison n'était pas sûre c'était vrai. Il répondit à Victor par la pensée.

*Gardez votre calme Victor*

Puis il assista à une entrée en matière peu orthodoxe de Rozenmilna. Elle fonça bille en tête pénétrant dans la fondation d'un coup. Morgan réfléchit rapidement puis il pensa à autres chose. Il usa de sa télépathie envers Rozen, Victor et Sébastian.


*Rozen continuez je vous prie et détaillez moi mentalement ce que vous voyez, il est possible que n'étant pas liée à la fondation, ni Tremere vous puissiez voir des choses qui ne nous sont pas visibles, mais ne laissez rien paraître, je vous en prie.*

HRP:

Ca, c'est du retour de flammes ! La primogène Ventrue incendie Seb d'un flot de paroles aussi glaciales que cinglantes, avant de s'enfoncer dans les profondeurs du bâtiment d'un pas décidé.

Le trémère ne comprend pas l'origine de cette remise en place, lui qui tentait simplement d'être constructif. Il ne peut s'empêcher de laisser une ombre de rancune passer sur ses pupilles, son regard devenant mauvais pendant une seconde ou deux. A ce moment, il n'a qu'une envie: Balancer ses quatre vérités à la petite poupée, lui dire que si Goratrix est dans le coin il a très bien pu activer d'anciennes défenses ou de vieux mécanismes, que même sans cela la chantrie peut s'avérer dangereuse pour toute personne hors du clan des sorciers et surtout qu'elle devrait montrer un peu plus de respect à cette écharde dans le pied de la Camarilla qui a servit de pieu dans le cœur de Boubanos. 

A la place de cela, la seule chose qui franchit la barrière de ses lèvres fendues en un sourire retrouvé est:

-Charmante.


Il se tourne alors vers Victor et Morgan avec un air de "Voyez, je vous l'avais bien dit. Voyez la gratitude des autres clans". De plus, bien que l'ouverture d'esprit et la collaboration de Mr De Lestrain soient tout à fait honorables, Seb commence à penser que cette Sang-bleu n'est là que pour fliquer les sorciers. Mais un malaise plus profond lui noue la gorge de honte, le malaise que tout trèm ressent lorsqu'il en dévoile un peu trop à propos de son clan. Sur ce coup là, il faut avouer qu'il n'a pas été particulièrement discret. Heureusement pour lui, Rozen le prend visiblement pour un joyeux guignol et ne semble pas avoir prêtée l'oreille à ses dires. Une maigre consolation, même si le mal est fait.

Finalement, l'apprenti magicien relativise, se calme et note simplement dans sa tête que les Ventrues de Paris ne sont pas les alliés et encore moins les amis des Trémères. Après tout, son rang ne l'autorise pas à plus.